Les autorités italiennes ont annoncé se préparer à recevoir quelque 500.000 personnes, soit davantage que la capacité d'accueil du Circo Massimo, l'ancien stade romain situé en plein centre de la Ville éternelle, où a lieu cette manifestation.
Quelques milliers d'opposants étaient déjà présents en fin de matinée avant le début de la manifestation, prévue en début d'après-midi.
"Le plus de monde possible doit participer, souvenez-vous que c'est la seule arme dont nous disposons !", a lancé vendredi l'organisateur de ce "Family Day", Massimo Gandolfini.
Les partisans de cette proposition de loi, dont le Sénat italien a commencé l'examen jeudi, avaient eux manifesté samedi dernier à travers l'Italie pour "réveiller" le pays et réclamer une protection pour les couples de même sexe et leurs enfants.
L'Italie est le dernier grand pays d'Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples homosexuels. Les opposants au texte se défendent cependant de toute homophobie.
- 'Contre personne' -
"La manifestation n'est dirigée contre personne, il y a aura aussi la présence de nombreux couples homosexuels", a ainsi assuré vendredi devant des journalistes le président de Generazione Famiglia ("génération famille"), Jacopo Coghe, un des co-organisateurs de ce rassemblement.
Les opposants à la proposition de loi Cirinna, du nom de la sénatrice qui la porte depuis des années, affirment vouloir surtout défendre les droits et l'avenir des enfants.
En l'état actuel, le texte, issu d'une médiation parlementaire, prévoit d'instaurer une union enregistrée par un officier d'état-civil entre personnes du même sexe, qui s'engagent à une vie commune dans la fidélité et à une assistance morale et matérielle réciproque.
Mais, au sein même de la majorité de centre-gauche du Premier ministre italien Matteo Renzi, qui défend le texte, ce sont les mesures supplémentaires qui posent problème: la possibilité de bénéficier d'une pension de réversion et surtout celle d'adopter les enfants naturels de son conjoint.
"Faire volontairement des orphelins de père ou de mère: ça n'est humainement pas acceptable", a martelé vendredi à Rome la ressortissante française Ludovine de La Rochère, présidente de la "Manif pour Tous", venue avec une dizaine d'autres sympathisants apporter son soutien au "Family Day" italien.
"Chaque enfant a besoin d'un papa et d'une maman, il a besoin de vivre dans cette complémentarité", a renchéri Jacopo Coghe.
Les alliés de centre-droit de M. Renzi, son ministre de l'Intérieur Angelino Alfano en tête, rejettent catégoriquement l'adoption de l'enfant du conjoint, de même que la frange catholique du Parti démocrate (PD), qui menace de réclamer un référendum abrogatif si la loi passe en l'état.
Pour l'instant, les sondages, assez fluctuants, montrent une opinion publique partagée sur la question des unions civiles, mais fortement opposée aux adoptions.
L'Eglise catholique, omniprésente en Italie, a pris plusieurs fois position pour rappeler le caractère central de la famille, comprise comme l'union entre un homme et une femme, mais sans appeler directement à manifester samedi.
La Conférence épiscopale italienne (CEI) a ainsi rappelé vendredi dans un communiqué sa "préoccupation" devant toute tentative de mettre "sur le même plan" le mariage et les unions civiles, avec l'introduction d'une "alternative à la famille".
Les couturiers italiens Domenico Dolce et Stefano Gabbana, qui ont longtemps été en couple, ont de leur côté apporté leur contribution au débat en proposant cette semaine une ligne de sacs et de T-shirts célébrant les couples homosexuels.
Le vote final sur la proposition de loi Cirinna est attendu mi-février. Mais il doit ensuite recevoir l'aval de la Chambre des députés dans les mêmes termes, toute modification du texte entraînant alors son retour devant les sénateurs.
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