Un sacerdoce unique en France, mené de front avec le ministère de la paroisse parisienne de Saint-Roch, "l'église des célébrités", à deux pas de la Comédie-Française.
"Ma mission est d'accompagner spirituellement les artistes, répondre à leurs questionnements sur leur carrière, leurs rôles... Récemment, une comédienne avait un cas de conscience pour incarner un personnage qui règle ses comptes avec l'Eglise. Nous en avons parlé longuement", confie à l'AFP le père Desgens.
"Mon premier baptême à Saint-Roch a été celui d'une ancienne comédienne de la Comédie-Française de 72 ans. Bientôt, je vais marier un couple d'artistes âgés unis civilement, mais qui souhaitent finalement des noces religieuses", ajoute le prêtre qui n'a pas été choisi au hasard par l'archevêché de Paris comme aumônier des artistes.
"J'ai un passé de théâtreux. Après des études de lettres, j'ai été élève des cours d'art dramatique de Jean-Laurent Cochet et François Florent. Je me souviens avoir donné la réplique à Carole Bouquet dans Lucrèce Borgia. J'ai passé le concours d'entrée du conservatoire mais j'ai échoué", raconte le père Desgens, 61 ans.
"Depuis longtemps, l'idée d'une vocation sacerdotale me trottait dans la tête. J'avais 26 ans. Le seul moyen de savoir si c'était sérieux, était d'entrer au séminaire. En mars 1985, j'ai été ordonné prêtre", raconte-t-il.
- Sermons musclés -
A défaut d'être comédien, le père Desgens est resté un spectateur de théâtre "exigeant et souvent déçu par les productions actuelles". "Quand l'archevêque m'a proposé de me nommer aumônier des artistes, c'était comme demander à un aveugle s'il voulait voir", dit-il.
L?aumônerie du spectacle existe depuis 1922: deux sociétaires chrétiens de la Comédie-Française, Georges Le Roy et son épouse, Jeanne Delvair, et un père dominicain, voulaient ainsi "réconcilier l'Eglise et le théâtre".
"Longtemps, il y a eu un antagonisme très fort avec les artistes. L'Eglise exigeait qu'ils abjurent leur métier jugé alors dangereux pour la vie spirituelle car ils jouent des sentiments qui ne sont pas les leurs", explique le père Desgens.
"Les obsèques religieuses de Molière ont eu lieu de nuit, en catimini. Plus récemment, en 1955, mon prédécesseur à Saint-Roch a refusé de célébrer les obsèques de Colette. Finalement, l'archevêché est intervenu", raconte le prêtre qui vient de préfacer un beau livre sur la paroisse des artistes, "La Grâce de Saint-Roch" (éditions NB).
Ces dernières années, le père Desgens a célébré les funérailles d'Annie Girardot, Henri Salvador, Jean-Claude Brialy, Alain Resnais, Philippe Noiret et plus récemment Sylvie Joly et Michel Galabru.
Réputé pour ses sermons musclés, le prêtre n'a pas hésité à se joindre à la salve d'applaudissements qui a salué, en pleine messe, l'hommage de Philippe Caubère à Michel Galabru rappelant que le comédien disparu, "méprisé par les temples du théâtre", n'a jamais été invité à jouer à l'Odéon ou au Festival d'Avignon.
"La seule différence entre les obsèques d'un anonyme et d'un artiste, ce sont parfois les idées saugrenues. Un jour, j'ai refusé un extrait de la Belle Hélène. On ne peut pas tout laisser passer pour des funérailles!", estime le père Desgens.
En 2006, l?aumônier des artistes a célébré à Saint-Roch les obsèques de la meneuse de revue Coccinelle, première transsexuelle médiatisée. Au premier rang, Michou.
"Tous les enfants de Dieu ont leur place à l'église car nous sommes tous aimés de Dieu. N'oublions pas que le surnom de la coccinelle, c'est la bête à Bon Dieu!", a dit le père Desgens dans son homélie.
Qu'inspire à l'homme d'Eglise la loi des séries qui frappe les personnalités du monde de la culture depuis le début de l'année? "Dieu n'y est pour rien! Ce n'est pas Dieu qui fait mourir. Notre Dieu est le dieu des vivants, pas le dieu des morts!".
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