Depuis avril 2015, plus d'un million et demi de Brésiliens ont contracté le virus qui se propage de manière exponentielle en Amérique latine via le moustique Aedes aegypti, vecteur également de la dengue, la fièvre jaune et du chikungunya.
L'OMS estime que le Zika pourrait toucher de "trois à quatre millions" de personnes sur le continent américain.
Ce virus est associé à une explosion de cas au Brésil de microcéphalie, trouble du développement qui entraîne chez les nourrissons un périmètre crânien inférieur à la normale, à l'origine d'un retard mental. Actuellement, plus de 3.400 cas probables de cette maladie congénitale sont en cours d'examen, alors que 270 autres cas ont un diagnostic confirmé (contre 147 sur toute l'année 2014), et 460 ont été finalement écartés.
Les scientifiques enquêtent également sur une hausse des cas du syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique qui pourrait aussi être liée au Zika.
- Le moustique ennemi -
"Nous allons gagner cette guerre. Nous allons démontrer que le peuple brésilien est capable de gagner cette guerre", a déclaré vendredi la présidente Dilma Rousseff à l'issue d'une réunion avec plusieurs ministres de la cellule qui coordonne les actions de lutte contre la dengue, le chikungunya et le Zika.
Le Brésil qui reçoit dans six mois les jeux Olympiques à Rio, a décrété le 13 février prochain jour de mobilisation nationale contre l'Aedes aegypti.
Quelque 220.000 militaires iront de porte en porte pour conseiller les habitants sur l'éradication et la suppression des foyers du moustique qui prolifère dans les eaux stagnantes des zones humides et tropicales.
Le ministère de la Santé distribuera gratuitement des produits anti-moustiques, seule protection pour éviter d'être piqué, à plus de 400.000 femmes enceintes pauvres inscrites à des programmes sociaux du gouvernement.
Pour le moment, plusieurs gouvernements ont conseillé aux femmes enceintes de ne pas se rendre au Brésil ou dans les autres pays touchés par le Zika, tandis que certaines compagnies aériennes proposent de rembourser les billets d'avion pour ces destinations.
Les organisateurs des JO minimisent les risques du Zika, détecté pour la première fois en 1947 en Ouganda, rappelant que le mois d'août, quand auront lieu les jeux, sera la période la plus froide de l'année, ce qui rendra plus difficile la reproduction des moustiques.
- 'Le grand péché' -
Mais pour Gubio Soares, virologiste de l'Université de Bahia (nord-est) qui a isolé pour la première fois le Zika au Brésil en avril 2015, "les jeux seront une source de contagion", avec les millions de personnes du monde entier qui circuleront à Rio pendant l'évènement.
"Le gouvernement brésilien n'a pas combattu le moustique et c'est son grand péché", a-t-il affirmé à l'AFP. "C'est sûr que personne ne s'attendait à ce qu'un virus comme celui-là arrive au Brésil et se propage de cette façon", mais ce virus "expose finalement au monde la réalité de notre pays", déplore-t-il.
Parmi les possibilités que ce virologiste énumère pour combattre le moustique figurent le développement de nouveaux produits contre les larves moins polluants ainsi que l'utilisation de bactéries et de moustiques transgéniques.
Cette technologie est en cours de développement au Brésil. Elle permettra de réduire la population des moustiques à travers le croisement de femelles sauvages et de mâles génétiquement modifiés : une fois lâchés dans la nature, il s'accouplent et produisent des moustiques incapables de parvenir à l'âge adulte et donc de se reproduire.
Mais M. Soares souligne la nécessité d'améliorer les conditions sanitaires de la population.
"Le manque d'eau courante fait que les gens stockent l'eau dans des récipients qui sont des foyers de reproduction des moustiques. La majorité des moustiques se reproduisent à l'intérieur des maisons", souligne le chercheur.
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