Metteur en scène d'oeuvres parfois fleuve comme "Out 1", d'une durée de plus de douze heures, Jacques Rivette avait abordé le cinéma par la critique avant de réaliser une vingtaine de longs métrages, parmi lesquels "Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot" ou "Céline et Julie vont en bateau".
"Jacques Rivette était l'un des plus grands cinéastes. Il a marqué plusieurs générations" et "son oeuvre hors normes lui a valu une reconnaissance internationale", a déclaré le président de la République François Hollande.
"C'était une grande figure du cinéma mais aussi un ami personnel", a déclaré sur France Info l'actrice Bulle Ogier, interprète de plusieurs de ses films. "C'est 30 ans de vie", a-t-elle dit.
"Le cinéma français perd un de ses réalisateurs les plus libres et les plus inventifs", a réagi de son côté sur Twitter l'actrice Anna Karina, qui avait joué dans "Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot" et dans "Haut Bas Fragile".
Laissant une large place aux acteurs et plus encore aux actrices, avec qui il improvisait beaucoup et qu'il filmait avec finesse, Jacques Rivette avait aussi tourné avec Emmanuelle Béart, Sandrine Bonnaire, Bernadette Laffont, Jeanne Balibar ou Michel Piccoli.
"Il aura été un expérimentateur dans sa façon de faire des films en travaillant avec ses acteurs et surtout ses actrices", a déclaré à l'AFP le critique Jean-Michel Frodon. "Il avait porté à l'extrême l'idée qu'un film s'invente en même temps qu'il est tourné."
Né à Rouen le 1er mars 1928, Jacques Rivette avait commencé sa carrière comme critique de cinéma, comme les autres futurs piliers de la Nouvelle Vague qu'il croisait à la Cinémathèque française, François Truffaut, Jean-Luc Godard et Eric Rohmer.
Après avoir fondé en 1950 la Gazette du cinéma avec Eric Rohmer, il est critique aux Cahiers du cinéma, dont il est le rédacteur en chef de 1963 à 1965.
- 'Une influence considérable' -
Assistant de Jacques Becker et de Jean Renoir dans les années 50, il réalise en 1956 le court-métrage "Le Coup du berger", qui jouera un rôle majeur dans le mouvement de la Nouvelle Vague né en réaction au classicisme du cinéma de l'après-guerre. Le succès de ce court-métrage décidera François Truffaut à passer à la réalisation et Claude Chabrol au long métrage.
Il coréalise ensuite en 1958 son premier long métrage, "Paris nous appartient", puis tourne "Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot" (1966) avec Anna Karina, dont l'exploitation sera un temps interdite.
Viendront ensuite "Céline et Julie vont en bateau" (1974) avec Juliet Berto et Bulle Ogier ou encore "La Bande des quatre" (1988), toujours avec Bulle Ogier.
Dans les années 90, il réalise "La Belle Noiseuse" (1991) d'après "Le Chef d'oeuvre inconnu" de Balzac, avec Michel Piccoli et Emmanuelle Béart, "Jeanne la Pucelle" (1994) avec Sandrine Bonnaire, retraçant l'épopée de Jeanne d'Arc, ou de "Haut bas fragile" (1995), comédie musicale autour du destin de trois jeunes femmes.
Il réalise ensuite "Va savoir" (2001) avec Jeanne Balibar et Sergio Castellito, "Histoire de Marie et Julien" (2003) avec Emmanuelle Béart, "Ne touchez pas à la hache" (2007) tiré de "La Duchesse de Langeais" de Balzac, avec Jeanne Balibar, et "36 vues du pic Saint-Loup" (2009) avec Jane Birkin et Sergio Castellito, son dernier film.
"Parmi les représentants de la Nouvelle Vague c'est sans doute celui qui a eu le moins de succès en salles mais son influence est considérable parce que, toute sa vie, il a essayé d'inventer un cinéma différent à chaque film", a indiqué à l'AFP Frédéric Bonnaud, futur directeur de la Cinémathèque française à partir du 1er février.
"Il avait lu tous les livres, et notamment l'oeuvre de Balzac, et il essayait de distiller cette culture classique dans le monde contemporain", a-t-il ajouté.
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