Vingt à trente irréductibles campaient encore vendredi matin porte Maillot (ouest de Paris), refusant "les promesses" et assurances données à la profession dans la nuit par le Premier ministre, a constaté une journaliste de l'AFP.
Ils stationnaient aux abords du Palais des congrès, occupés la veille par des centaines de leurs collègues - jusqu'à 1.600, selon la CGT --, réclamant "une solution tout de suite", pour leur permettre de faire face à la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC).
Reprenant la main sur le dossier, après trois jours de forte mobilisation à Paris et en province, le Premier ministre a reçu pendant près de trois heures jeudi soir l'ensemble des organisations de taxis -- 17 en tout -- en compagnie du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, du secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies, et du médiateur, le député PS Laurent Grandguillaume.
A l'issue de la rencontre, des organisations de taxis ont immédiatement appelé les chauffeurs à lever les barrages, d'autres, comme les syndicats FO, CFDT, SDCTP ou l'association Taxis de France s'étaient montrés ouverts à une levée du mouvement mais voulaient préalablement consulter la base.
La base a entendu leurs arguments puisque "la circulation (était) en voie de rétablissement (vendredi matin) sur l'ensemble de la région parisienne", a-t-on indiqué à la préfecture de police.
Porte Maillot, la circulation devait être "totalement rouverte à la circulation avant 09H00". Elle était déjà totalement rétablie à Bercy à 07h45 tandis qu'à Orly et Roissy, les taxis stationnaient sans perturber la circulation, selon la même source.
Selon une source aéroportuaire, à Roissy, il restait une cinquantaine de grévistes sur la plateforme.
Des centaines de chauffeurs de taxis étaient restés mobilisés jeudi, à Paris, Toulouse et Marseille, pour dénoncer la concurrence des VTC et la mauvaise application de la loi Thévenoud, votée en 2014 pour encadrer la coexistence des VTC et taxis.
Dans la soirée, Manuel Valls a annoncé un renforcement dans 12 départements des contrôles visant les VTC, accusés par les taxis de concurrence déloyale.
Une réunion de suivi de ces contrôles aura lieu chaque semaine avec le nouveau médiateur du conflit, le député PS Laurent Grandguillaume.
Ce dernier a salué vendredi matin sur RTL le "plan d'action immédiat" du Premier ministre, qui va notamment se traduire par "des lettres de mise en demeure" à "une vingtaine de plateformes". Il a précisé qu'il recevrait "à nouveau les acteurs mardi prochain".
Manuel Valls a par ailleurs laissé la porte ouverte à des aides financières pour les taxis les plus en difficulté. Il pourrait s'agir d'étalements fiscaux ou de cotisations sociales, a-t-il dit.
- 'Déjà eu des promesses' -
Ces annonces "correspondent aux revendications de la profession", a réagi Nordine Dahmane (FO-Taxis).
"On verra ce que cela va donner" a prévenu Kader Remana (CFDT-Taxis). On a déjà eu des promesses et on en est toujours au même stade", avait-il toutefois souligné.
Vendredi le scepticisme régnait porte Maillot: "on n'a rien gagné.(...) Les contrôles étaient déjà promis en juin. Ca a duré deux jours", fulmine Veronique Loredon, locataire de son taxi, ulcérée comme ses confrères par l'absence de contrôles des VTC, censés travailler uniquement sur réservation préalable.
Pour Djamel, taxi depuis 26 ans, "c'est le mépris des plus faibles. C'est un mouvement social et pas corporatiste. On en est à l'ubérisation de la femme de ménage, du pompiste, du plus faible..."
Pour avoir "incité" ses chauffeurs à pratiquer le maraudage, privilège des taxis, Uber a été condamné mercredi à verser 1,2 million d'euros à l'UNT.
En quelques années, le géant américain a bouleversé ce secteur réglementé avec son application, leader du marché, cristallisant la colère des taxis.
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