Routes et ronds-points bloqués par des tracteurs et des remorques, pneus et bottes de paille enflammés, gravats et détritus sur la chaussée: dans tous les départements des régions Bretagne, Normandie et Pays de la Loire les agriculteurs ont exprimé leur colère et exigé des mesures pour faire face à la crise que traversent leurs exploitations.
Et les mêmes scènes devraient se répéter jeudi, plusieurs responsables agricoles ayant déjà averti que ce mouvement des agriculteurs pour "crier leur détresse" allait continuer.
La situation s'est même un peu tendue en début de soirée mercredi dans plusieurs grandes villes, où les agriculteurs s'étaient regroupés.
A Quimper (Finistère), des incidents sporadiques étaient en cours peu après 23H00 près de la préfecture après que les manifestants venus à bord de plusieurs dizaines de tracteurs eurent déversé des monceaux de déchets et de pneus et allumé des feux. Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour maintenir les manifestants à distance.
A Angers (Maine-et-Loire), quelques incidents ont également éclaté et trois manifestants ont été interpellés. Quelque 200 agriculteurs s'étaient installés en début de soirée aux abords de la préfecture, avec une quarantaine de tracteurs et remorques pleines de pneus et autres détritus, qu'ils ont déversé sur la chaussée avant d'y mettre le feu.
A Caen (Calvados), après avoir levé le blocage du périphérique et occasionné de grosses difficultés de circulation dans la ville, un convoi de 40 tracteurs qui voulait se diriger vers le centre-ville a été bloqué par les forces de l'ordre, selon un journaliste de l'AFP sur place. Ils ont quitté les lieux vers 23H00.
Au Havre (Seine-Maritime), des manifestants s'étaient également regroupés en début de soirée aux abords de la sous-préfecture avec une vingtaine de tracteurs et de remorques remplies de 350 tonnes de fumier, mais sont finalement repartis dans le calme, annonçant de nouvelles actions à Rouen jeudi.
- Barrages maintenus -
Par ailleurs, plusieurs des barrages installés tout au long de la journée de mercredi sur les grands axes routiers de la région étaient toujours en place pour la nuit.
Dans le Morbihan, la préfecture faisait état de quatre points de blocage à Arzal, sur la RN 165, à Ploërmel (RN 24) à Plouay et Cléguer.
En Ille-et-Vilaine, selon la préfecture, trois barrages routiers restaient également en place à Saint-Étienne en Coglès sur l'A 84, à Etrelles (RN 157) et Bréal-sous-Montfort (RN 24). La RN 12 restait coupée en deux points dans les Côtes-d'Armor.
A Laval (Mayenne), la RN 162 en direction de Tours était bloquée par une centaine d'agriculteurs interdisant toute circulation.
En revanche, le trafic routier était totalement rétabli dans le Finistère et dans la Manche.
Au plus fort de la journée mercredi, le Centre régional d'information et de coordination routières avait recensé près d'une quarantaine de barrages filtrants ou bloquants sur tout le grand ouest.
Ces opérations n'ont toutefois pas donné lieu à aucun incident notable, hormis un bref échange ?ufs contre lacrymogènes devant un supermarché du Mans.
Et les bouchons sont restés limités grâce aux déviations mises en place par les autorités. En fin de journée, le plus gros bouchon signalé atteignait 15 km à Rennes.
S'ils ont réussi leur démonstration de force, à l'occasion de cette journée de mobilisation, la plus forte enregistrée depuis le début de la crise entamée il y a près d'un an, les agriculteurs n'entendent pas en rester là.
Signe de leur détermination, la table ronde prévue jeudi à la préfecture de la région Bretagne à Rennes se fera sans la FRSEA, le syndicat majoritaire.
"Nous avons pris la décision de ne pas aller à la réunion car, aujourd'hui, on veut une stratégie pour nos filières. La mobilisation très forte va continuer, il nous faut des réponses et une visibilité", a déclaré Thierry Coué, président de la FRSEA bretonne.
Particulièrement ciblé par les manifestants sur des banderoles où on pouvait lire par exemple "Le Foll, que fais-tu?", le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll n'a pas calmé la colère avec son annonce mardi d'une rallonge budgétaire de 125 millions d'euros aux 700 déjà accordés cet été dans le cadre d'un plan de soutien à l'élevage bovin, porcin et laitier.
Face aux cours très bas qui assèchent leurs trésoreries et menacent dans certains cas leurs exploitations, les producteurs réclament des mesures plus structurelles, comme l'étiquetage de la provenance de la viande, notamment pour les produits transformés, et l'arrêt des distorsions de concurrence à l'échelle européenne.
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