A l'issue d'un conseil d'administration de plusieurs heures, Areva a annoncé avoir validé le principe d'une augmentation de capital de 5 milliards d'euros qui lui permettra de redresser la tête face à ses importantes difficultés financières.
"Le conseil a pris acte que l'Etat y participera en tant qu'actionnaire de référence et en assurera le plein succès, dans le respect de la réglementation européenne", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Cette annonce fait suite à une réunion qui s'est tenue dans la matinée à l'Elysée sur la refondation de la filière nucléaire française, engagée en juin dernier par l'Etat français pour assurer la survie de l'ex-fleuron français de l'atome civil, dont il est actionnaire à 86,5%.
"Dans le respect de la réglementation et des procédures européennes applicables à une telle opération, l'Etat confirme qu'il souscrira en tant qu'actionnaire de contrôle à l'augmentation de capital annoncée par le groupe", a indiqué de son côté la présidence de la République.
"Des investisseurs tiers minoritaires seront conviés" à prendre part à cette opération, dont l'Etat "assurera le plein succès", a-t-elle ajouté.
Cette refonte de la filière atomique fera d'EDF son chef de file, tandis qu'Areva se recentrera sur le cycle du combustible nucléaire une fois délesté de sa division réacteurs Areva NP, en cours de cession au géant de l'électricité également contrôlé par des capitaux publics, à 84,5%.
Depuis sa création en 2001 avec l'ambition d'être un champion sur l'ensemble du cycle de l'atome, de l'uranium au réacteur, le groupe nucléaire a essuyé de lourds revers attribuables aux déboires de son réacteur EPR en construction Finlande, au fiasco financier de l'acquisition d'Uramin et à la morosité du secteur nucléaire depuis l'accident de Fukushima (Japon) en 2011.
Il a prévenu en décembre qu'il serait à nouveau dans le rouge en 2015, après une perte record de 4,8 milliards d'euros l'année précédente.
- Pas d'offre engageante d'EDF -
Areva avait insisté pour que l'augmentation de capital soit "significative", face à des besoins de financement jusqu'ici évalués à 7 milliards d'euros à l'horizon 2017 et partiellement couverts par des cessions. Ces besoins seront réévalués lors de la publication des résultats annuels, le 25 février.
Le deuxième volet du plan de sauvetage d'Areva prévoit la cession d'une participation de 51 à 75% de son activité de construction et de services aux réacteurs Areva NP à EDF. Areva en conserverait au moins 15% tandis qu'une participation minoritaire serait cédée à des investisseurs asiatiques.
L'opération, dont la réalisation est prévue en 2017, se fera sur la base d'une valorisation de 2,5 milliards d'euros, proposée par EDF après des mois d'âpres négociations, et approuvée mercredi par les conseils d'administration respectifs des deux groupes.
Cette proposition pourra être ajusté à la hausse comme à la baisse "en fonction des comptes établis à la date de réalisation de l'opération", ont-ils indiqué. Elle est aussi assortie d'un mécanisme de complément de prix de maximum 350 millions d'euros, qui dépendra notamment des performances d'Areva NP sur la période 2017-2018.
Cela ne signifie toutefois pas qu'une offre définitive est sur la table: cette dernière reste suspendue au règlement du problème de l'EPR en construction à Olkiluoto, en Finlande (OL3).
EDF refuse d'assumer le risque financier de ce chantier qui accumule d'importants retards et surcoûts, et a déjà coûté 4,6 milliards d'euros de provisions à l'ex-fleuron du nucléaire, en conflit avec son client finlandais TVO. Le groupe a prévenu dans un communiqué qu'une offre engageante serait formulée une fois finalisé le "dispositif d'immunisation" contre "les coûts et les risques" du projet.
Le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, avait lancé un ultimatum à Areva et TVO le 20 janvier, leur donnant un mois pour trouver "un accord ou une voie de sortie" à leur différend.
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