Après avoir longtemps hésité, le groupe - dont les Etats français et italien détiennent chacun 13,77% du capital - a finalement décidé de conserver sa division à problèmes Digital Product Group (DPG). Mais il n'en gardera que les capteurs d'image et les circuits intégrés spécifiques, des produits jugés porteurs.
Les décodeurs numériques, en revanche, vont être abandonnés. Cette activité, chroniquement déficitaire, a encore perdu 250 millions de dollars l'an dernier, alors que ses ventes n'ont atteint que 209 millions (soit 3,4% du chiffre d'affaires du groupe).
"Malgré tous les efforts que l'on a fait sur un marché qui est en fort déclin, sur un marché qui est en très forte fragmentation --il y a de multiples opérateurs, de multiples fabricants de boîtes, de multiples normes de sécurité--, avec une concurrence asiatique, qu'elle soit taïwanaise ou chinoise de plus en plus forte", STMicroelectronics a décidé d'arrêter les frais, a résumé à l'AFP le directeur général Jean-Marc Chery.
Résultat: ST va se séparer de 1.400 personnes, soit à peu près la moitié des effectifs de la division DPG (dont 1.000 qui partiront cette année). En France, ce sont 430 emplois qui seront supprimés par des départs volontaires (150 dès cette année), tandis que 600 postes seront redéployés en interne.
Sur un effectif global de 43.200 personnes, le groupe emploie 10.800 personnes dans l'Hexagone, dont environ 1.500 sont rattachés à DPG - surtout dans la région de Grenoble (Isère) -, selon des chiffres de la direction.
Pour la CFE-CGC, première organisation syndicale en France, cette restructuration "n'est en fait qu'un grand plan de départs à la retraite programmés". Il n'y a "toujours aucune stratégie globale de la société, nous restons sur des coupes systématiques de ce qui ne rapporte pas", a estimé le syndicat dans un communiqué.
- Travail de recentrage stratégique -
Quant à la CGT, deuxième syndicat dans l'entreprise en France, elle a dénoncé un "scandale social" et une "énorme aberration économique", demandant "où est la nouvelle stratégie".
"L'arrêt du numérique ne règlera aucun des problèmes de ST et entraînera les autres secteurs dans des difficultés plus grandes", estime le délégué Marc Leroux.
"Le gouvernement s'est payé notre tête" car "il avait pris l'engagement d'une nouvelle stratégie avant toute mesure sociale", a-t-il ajouté.
L'Etat "a dû donner son accord pour ce plan. Il devra nous expliquer pourquoi lors de notre rencontre du 24 février", a renchéri la CFE-CGC.
Le ministère de l'Economie a pris acte de l'abandon des décodeurs numériques, saluant le fait que "les programmes d'investissements pour le développement du site de Crolles-Grenoble (aient été) actés".
"Le travail de recentrage stratégique est engagé, mais il n'est pas nécessairement achevé. Or, ce travail demeure nécessaire pour tirer parti du large panel de technologies dont dispose ST dans le numérique", a-t-on remarqué dans l'entourage d'Emmanuel Macron.
STMicroelectronics estime que l'avenir des semi-conducteurs passe désormais par les applications pour l'automobile, l'industrie et l'internet des objets, et la direction a annoncé mercredi une réorganisation du groupe orientée vers ces marchés.
La Bourse a approuvé ces orientations, et le titre gagnait 3,57% mercredi à 16H15 (14H15 GMT), dans un marché parisien en baisse de 0,35%.
Le groupe franco-italien, qui avait précédemment signalé un ralentissement de la demande, a parallèlement publié un bénéfice net en baisse de 20%, à 104 millions de dollars, pour l'exercice 2015. Le chiffre d'affaires est en recul de 7%, à 6,9 milliards.
"Nous avons fait des progrès dans un certain nombre d'indicateurs financiers, même si nous n'avons pas atteint le niveau de progression que nous attendions au début de l'année. Notre performance a été freinée par la faiblesse du marché des semi-conducteurs, notamment au second semestre, mais aussi par des changements dans les plans des clients", a commenté le PDG Carlo Bozotti, lors d'une conférence d'analystes.
Il a sobrement évoqué une "performance mitigée" pour son entreprise pendant l'année écoulée, prévenant que le premier trimestre 2016 serait encore difficile.
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