"Ne pas transmettre les éléments demandés, déjà, ça paraît très limite. Mais là, on tombe dans les mensonges et dans l'obstruction", a affirmé à l'AFP Me Marie-Laure Ingouf, avocate d'une partie civile, qui n'a cependant pas eu directement accès aux procès verbaux évoqués dans l'article.
Le Canard enchaîné, qui dit se baser sur de "nombreuses pièces de l'enquête", révèle que des dirigeants de la SNCF ont été placés sur écoute par les juges, des écoutes qui mettraient en évidence "un double langage" de la part de certains témoins.
Tel ce cadre qui déclare dans une conversation interceptée: "Brétigny, c'est des crevards. Faut tous les foutre dehors!", mais qui assure ensuite aux juges ne pas savoir si les travaux de maintenance y sont correctement menés.
Selon l'hebdomadaire, chaque cheminot concerné par l'enquête a été "invité à un entretien avec le service juridique" de la SNCF, suivi d'un débriefing.
"Moi, je t'invite à ne rien apporter (aux policiers)... Tu viens avec rien... Il faut attendre leurs demandes", déclare ainsi à un cheminot une cadre au service juridique.
"C'est de la subornation de témoins", a déclaré à l'AFP Me Gérard Chemla, avocat de l'association d'Entraide et de défense des victimes de la catastrophe de Brétigny, qui accuse la SNCF d'avoir "fabriqué de faux témoignages".
Les deux avocats contactés par l'AFP n?envisagent pas pour l'instant de porter plainte.
"La direction juridique de la SNCF (...) défend et accompagne ses salariés lorsqu'ils sont mis en cause dans l'exercice de leur fonction", avait réagi mardi soir l'entreprise dans un communiqué. "Les salariés auditionnés par les juges sont totalement libres de leurs propos".
L'ensemble des rapports d'expertise concluent qu'un défaut de maintenance sur les voies est à l'origine du déraillement à Brétigny du train Paris-Limoges, survenu le 12 juillet 2013, qui a fait sept morts et des dizaines de blessés.
Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), pour homicides et blessures involontaires.
Trois cheminots de la SNCF ont par ailleurs été placés sous le statut de témoin assisté.
Contacté par l'AFP, le parquet s'est refusé à tout commentaire.
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