Manuel Valls a proposé une concertation, confiée au député socialiste Laurent Grandguillaume, avec les taxis qui se sont mobilisés par milliers en France mardi et ont maintenu des rassemblements dans la nuit de mardi à mercredi.
Des chauffeurs de taxi ont ainsi passé la nuit dans leur voiture Porte Maillot et dans le secteur de Bercy à Paris. La Porte Maillot (ouest de la capitale) était toujours bloquée mercredi matin avant 06H00.
"On est déterminés. On ne bougera pas", a déclaré Ibrahima Sylla, de l'association Taxis de France.
La préfecture de police a conseillé aux automobilistes d'éviter à nouveau ces secteurs mercredi.
La mobilisation de mardi a donné lieu à plusieurs incidents et s'est soldée par un blessé et 24 interpellations en Ile-de-France.
Le Premier ministre, qui a annoncé le renforcement des contrôles visant les pratiques illégales de certains VTC, est "prêt à ouvrir, avec les organisations professionnelles représentatives, une concertation sur l'équilibre économique du secteur du transport individuel de personnes et les éventuelles évolutions de la réglementation qui pourraient en découler", selon Matignon, qui a précisé que les VTC seraient aussi consultés.
M. Valls a reçu à la mi-journée des représentants d'organisations de taxis, issus de l'une des deux intersyndicales qui avaient appelé à la mobilisation dans tout le pays, avec des mots d'ordre différents.
- Violences 'inadmissibles' -
Énième mobilisation en France depuis que l'irruption des VTC et des plates-formes de réservation électronique de type Uber ont bouleversé le secteur, les manifestations de mardi ont donné lieu à plusieurs incidents, dont l'un a fait un blessé en Ile-de-France. M. Valls a dénoncé des violences "inadmissibles".
Les taxis réclamaient une compensation à leur baisse d'activité et à la chute des prix des licences, dues selon eux à la concurrence de VTC qui cassent les prix et ne respectent pas la loi. Le secteur est encadré depuis octobre 2014 par la "Loi Thévenoud", mais plusieurs de ses volets ont été annulés par la justice.
"Il y a une difficulté d'application réelle, parce que la loi n'est pas allée jusqu'au bout. On ne peut pas continuer à avoir deux activités différentes qui font le même métier", a jugé Alain Griset, président de l'Union nationale des taxis, à sa sortie de Matignon.
Alors que la mission du médiateur est censée durer trois mois, M. Griset a déclaré: "si jamais ce temps permet d'aboutir à un résultat concret, je pense qu'on peut accepter ces délais".
Sur le terrain, en revanche, les réactions étaient plus contrastées, voire hostiles. A la Porte Maillot, le porte-parole de la CGT Taxis, Karim Asnoun, a estimé au mégaphone que "le gouvernement ne [leur avait] apporté que du mépris" et que "Valls avait refusé de négocier avec l'intersyndicale présente" sur place.
En fin d'après-midi, le préfet de police de Paris Michel Cadot a appelé les chauffeurs de taxis à "se disperser afin de permettre aux Franciliens de regagner sans encombre leur domicile à l'issue de leur journée de travail".
Un appel resté lettre morte: "On reste ici, on ne bouge pas. Il faudrait que le préfet écoute la colère des chauffeurs", a répliqué Ahmed Senbel de la FNTI interrogé par l'AFP.
Au total, 2.100 taxis ont participé au mouvement de protestation en région parisienne, selon la préfecture de police.
En région, la mobilisation à Lille a donné lieu à des incidents notamment lorsque des chauffeurs VTC ont été pris à partie par des taxis. Les manifestations ont perturbé les alentours de l'aéroport de Blagnac et de la gare de Toulouse, tandis que dans les Bouches-du-Rhône, 500 taxis ont manifesté sans incident.
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