"C'est comme si on avait le football dans le sang (...) Même si le travail ne me laisse pas y aller plus souvent, dès que j'ai une occasion, je vais jouer", déclare à l'AFP Michael Pena, 20 ans, qui pratique ce sport en salle dans un quartier de l'est de la capitale, Managua.
Le fait que le football devienne de plus en plus populaire s'explique par l'influence croissante des chaînes de télévision qui diffusent plus fréquemment qu'avant les rencontres du puissant championnat espagnol et les grands évènements tels que le Mondial, analyse Idelfonso Agurcia, un des responsables de la fédération nicaraguayenne de football (Fenifut).
Les performances de l'équipe nationale, parvenue à se hisser début janvier à la 96e place du classement Fifa contre la 173e un an plus tôt, n'y sont pas étrangères non plus, soulignent les experts, alors que la passion du ballon rond qui traverse la planète semble atteindre les jeunes Nicaraguayens.
Mais l'attention des supporteurs va plutôt aux étoiles des clubs européens, comme Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, qu'aux joueurs et formations du cru.
"J'aime le football mais seulement lorsque l'équipe du Nicaragua joue contre d'autres pays", souligne Bosco Garcia, un collégien fan du FC Barcelone.
- Stades pleins -
L'ancien joueur professionnel, José Maria Bermudez, qui a joué pour l'équipe nationale et a été membre de la Fédération, estime qu'il faudrait des mesures pour encourager le public à soutenir davantage les équipes locales. "Ils devraient organiser des clubs de supporteurs pour que les gens s'identifient" plus facilement à un club, suggère-t-il.
Au Nicaragua, c'était jusqu'à présent plutôt le baseball qui dominait, un héritage culturel des interventions militaires des Etats-Unis au XXe siècle: les soldats américains ont construit des terrains dans le pays et ont appris à jouer aux habitants, qui se sont pris au jeu au point que le baseball est devenu le sport national.
Mais plus d'un siècle après, "nous assistons à un transfert important de supporters du baseball vers le football", estime M. Bermudez, bien que le sport américain soit encore davantage exposé.
"Lors des derniers matches internationaux, les stades étaient pleins pour voir l'équipe nationale, avec jusqu'à 18.000 spectateurs. Aucun autre sport n'a réussi cela", souligne l'ancien joueur.
Si le ballon rond fait plus vibrer les Nicaraguayens dans des villes comme Esteli et Somoto (nord) ou Diriamba (sud-est), la passion du foot commence à se propager aux quartiers de Managua, où l'on peut voir enfants et adolescents improviser des terrains en pleine rue ou dans des terrains vagues.
Des centaines de joueurs de 15 à 25 ans rejoignent les équipes de futsal (football en salle) de leurs quartiers qui disputent deux championnats par an. Certains joueurs qui évoluent en première division - un championnat professionnel -, en deuxième division, et pour certains, en équipe nationale, en sont issus.
- Le 'football est rentable' -
Un des objectifs de la fédération est de rendre le football plus visible, afin de prouver aux entreprises privées que le "football est rentable", détaille Idelfonso Agurcia de la Fenifut.
Attirer des sponsors est un enjeu vital pour les clubs du championnat local, qui luttent financièrement pour verser des salaires aux joueurs et pour entretenir des installations en mauvais état.
Au Nicaragua, le football ne génère pas encore suffisamment d'argent pour que les joueurs en vivent et la plupart d'entre eux ont une activité professionnelle dans un autre secteur.
Pour autant, l'équipe nationale va plutôt bien en termes de résultats. Sous la houlette du sélectionneur costaricain Henry Duarte, en poste depuis début 2015, elle est parvenue à se hisser au niveau de la troisième phase des éliminatoires de la Confédération d'Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes (Concacaf) pour le Mondial-2018 en Russie.
"D'un point de vue tactique, l'équipe nationale a beaucoup progressé. Je dirais même que c'est une des équipes qui a le plus progressé en 2015, pas seulement en Amérique centrale mais dans le monde" et la Fifa l'a reconnu, assure Henry Duarte.
Pour M. Agurcia, la montée en puissance du Nicaragua sur la planète foot est le fruit d'efforts qui sont mis en ?uvre depuis dix ans. Une nouvelle génération de joueurs est notamment apparue, issue des 19 académies ouvertes ces dernières années dont 11 ont été financées par la Fifa.
"Je pense que le football a déjà décollé. Désormais le plus difficile va être de le soutenir et de continuer à le faire grandir. Si nous bénéficions à l'avenir du même appui qu'actuellement, nous pouvons y arriver", juge l'ancien joueur Bermudez.
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