Invité à s'exprimer peu avant que la cour ne se retire pendant un peu plus de trois heures, Didier Barbot avait réitéré ses regrets. "J'ai détruit Anne (ndlr, son épouse), sa famille, la mienne. Mon père ne s'en est jamais remis, j'ai sali le nom Barbot (...). Et puis j'ai détruit aussi tous mes amis, je les ai trahis, je leur ai menti, je leur demande pardon à eux aussi", a déclaré M. Barbot, un agriculteur de 42 ans, après avoir affirmé à propos de son épouse: "Je lui ai enlevé la vie. C'est impardonnable, je le sais."
"Je demande pardon. Ce que j'ai fait est impardonnable", a lancé sa coaccusée, Stéphanie Livet, une ancienne aide-soignante de 40 ans.
Didier Barbot et Stéphanie Livet étaient accusés d'avoir attiré Anne Barbot, alors âgée de 38 ans, dans le garage de son habitation à Vritz (Loire-Atlantique), où elle a été frappée et étranglée. Puis son corps, placé dans le coffre de sa voiture, avait été brûlé dans une forêt, à environ 15 km de là, dans la nuit du 15 au 16 mars 2013.
"C'est moi Didier Barbot, j'assomme mais je n'assume pas. Et moi Stéphanie Livet, j'achève, mais je ne brûle pas", a résumé, en entamant le dernière jour d'audience lundi, l'avocat général Pierre Dupire, rappelant que chacun des accusés, lors des sept jours de débats devant la cour d'assises, avait livré sa version des faits, sa "vérité", en minimisant son rôle.
Il a réclamé, au terme d'un réquisitoire de près de deux heures, "une peine adaptée à chacun", et demandait aux jurés d'écarter "le mobile passionnel", ce crime étant pour lui "rationnel", avec la "perversion" comme "moteur".
"Ils ont fait un choix à deux, ils sont tous les deux dans la manipulation", a-t-il insisté, relevant toutefois une "différence fondamentale" entre les deux accusés: "Didier Barbot a tué sa propre femme, Stéphanie Livet une rivale. (...) La préparation de cet assassinat, elle est clairement l'apanage de Didier Barbot. Stéphanie Livet, elle adhère au projet (...), mais ce n'est pas elle qui mène la danse."
- 'Assassins par accident' -
Un peu moins d'un mois avant les faits, Anne Barbot avait souscrit une assurance décès, et une demande d'adoption faite par le couple à l'été 2010 était sur le point d'aboutir, a rappelé le représentant du ministère public. De son côté, Stéphanie Livet venait de se séparer de son mari, et ce dernier avait quitté le domicile conjugal.
Il fallait donc "trouver une solution", a souligné l'avocat général. "Didier Barbot était la bombe et Stéphanie Livet le détonateur", a-t-il lancé.
Pour la défense, l'avocate de Stéphanie Livet, Me Céline Pellerin-Goubaud, a souligné la "fragilité psychologique" de sa cliente, qui a participé "à un projet criminel par amour, un amour pathologique pour un homme qui se joue d'elle, qui ne l'a jamais aimée".
"Ce sont des assassins par accident. Ce ne sont pas des amants diaboliques, mais des amants perdus et égocentrés", a enchaîné Me Franck Boezec, l'un des deux avocats de Didier Barbot.
Didier Barbot avait lui-même signalé la disparition de son épouse à la gendarmerie le lendemain des faits, puis pris la tête des recherches pour la retrouver.
Le corps calciné d'Anne Barbot avait été découvert le 28 mars, mais l'autopsie n'avait pas permis de déterminer la cause exacte du décès.
Didier Barbot et Stéphanie Livet, qui entretenaient une relation extra-conjugale depuis septembre 2010, avaient fini par passer aux aveux, le 26 novembre 2013, après huit mois d'enquête.
Les accusés encouraient la réclusion criminelle à perpétuité.
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