Au total 30 Syriens, 10 Irakiens et trois Erythréens arriveront lundi en Loire-Atlantique, depuis la Grèce où ils ont transité par des centres d'enregistrement (hotspots). Dans la foulée, une cinquantaine d'autres réfugiés sont attendus vendredi.
Après 19 Erythréens en novembre, c'est donc une petite centaine de nouveaux réfugiés que la France se prépare à accueillir au titre de l'accord européen de "relocalisation" conclu en septembre.
On est encore loin de l'objectif de 30.000 réfugiés fixé sur deux ans. En novembre encore, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve tablait sur l'arrivée de "200 personnes en novembre, 300 en décembre et 400 en janvier".
Mais cette mise en place laborieuse n'est pas une exception française. Un fossé existe au niveau européen entre les objectifs (160.000 personnes à relocaliser en deux ans à partir de la Grèce et de l'Italie) et leurs avancées, puisque seuls 330 réfugiés ont été accueillis pour le moment.
21 personnes en Allemagne, 6 en Belgique, 4 en Lituanie... avec 120 réfugiés, la France va passer dans le peloton de tête des pays pour l'accueil -- d'autant qu'elle est aussi l'un de ceux qui ont proposé le plus de places d'hébergement, selon le décompte de la Commission européenne.
L'ensemble du dispositif "est encore en rodage", a reconnu la semaine dernière Pascal Brice, le patron de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), lors d'une audition devant une commission parlementaire. Et "pour l'heure les migrants ont d'abord pour objectif d'aller en Allemagne", a-t-il ajouté.
Une tendance déjà perceptible à l'été, lorsque l'Ofpra avait missionné une équipe à Munich pour convaincre 600 réfugiés de venir en France, et qui explique aussi dans le bilan des demandeurs d'asile, puisque la France en a accueilli 80.000 l'an dernier contre plus d'un million pour l'Allemagne.
"Il y a une réalité économique: la France a un taux de chômage plus élevé", résume Gérard Sadik, chargé de l'asile à la Cimade, en rappelant aussi la présence de communautés déjà implantées. Mais "le passé colonial de la France pèse aussi, et les attentats. Cela joue contre son image", ajoute-t-il.
- "Dérisoire" -
Plutôt qu'accepter les offres de relocalisation dans les hotspots, les réfugiés préfèrent donc tenter leur chance vers l'Europe du nord.
"Les Grecs et les Italiens ne les retiennent pas, et ils passent les frontières", résume M. Sadik. "Le système Dublin (qui fixe le pays responsable des demandes d'asile, NDLR) ne fonctionnant presque plus, les migrants peuvent presque choisir leur pays d'accueil".
Mais un facteur géographique joue aussi, alors que les réfugiés sont moins nombreux à tenter la traversée de la Méditerranée au profit de la route par la Turquie et la Grèce.
"Le principal frein, en Italie, est que les arrivées ont beaucoup décru. Il n'y a pas assez d'arrivées pour nourrir le processus", a estimé le directeur général des étrangers en France, Pierre-Antoine Molina, interrogé mi-janvier par une commission parlementaire.
L'accord de relocalisation est-il une solution adaptée?
"Non", pour Gérard Sadik, qui juge le dispositif "dérisoire" au vu des flux d'arrivées. Mais Pascal Brice assure n'avoir "aucun doute" sur la montée en puissance du système "dès lors que les dispositifs d'information pourront être renforcés" et que les réfugiés entendront des échos positifs des premiers relocalisés.
Certains parient sur une inflexion du parcours des réfugiés, si les frontières se ferment en Europe et si l'opinion se durcit dans les pays les plus prisés. D'autres s'interrogent: "tant que le système de relocalisation sera optionnel, cela ne fonctionnera que de manière marginale", soupire un bon connaisseur du dossier.
La Commission européenne, elle, plaide pour un mécanisme permanent de répartition, qui reviendrait à pérenniser le plan de "relocalisation" -- un pari, alors que certains Etats (Hongrie, Slovaquie) ont attaqué le dispositif actuel en justice.
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