Dans la foulée d'un défilé dans les rues de la cité portuaire, auquel ont pris part des manifestants de plusieurs pays européens, des groupes ont forcé un barrage en fin d'après-midi pour monter à bord du "Spirit of Britain", en provenance de Douvres et stationné dans le port.
Plusieurs dizaines avaient pu monter à bord, sur les quelque 150 qui avaient pénétré dans l'enceinte du port.
Vers 20H30, après plus de trois heures de blocage, les migrants ont été évacués par la police, qui a dû avoir recours à une passerelle mobile pour faire la jonction avec le bateau.
Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 24 migrants ont été interpellés sur le ferry, et emmenés dans les locaux de la Police de l'air et des frontières (PAF) à Coquelles, près de Calais. Onze autre personnes, des militants de No Border d'après la même source, ont subi le même sort.
Cet événement a poussé le président du port de Calais à demander "une réunion de crise extrêmement rapidement (...) avec les responsables locaux, régionaux, parlementaires et du gouvernement" estimant "que ça ne pouvait plus durer".
- 'Manifestation de solidarité' -
Plus tôt dans la journée, environ 2.000 personnes avaient manifesté à Calais pour exprimer leur "solidarité" avec les migrants et réclamer "des condition d'accueil dignes". Parmis eux, des Français, des Anglais, des Italiens, des Belges mais aussi de nombreux migrants.
L'un d'eux, Barra, s'est dit "heureux" de voir "toutes ces personnes venir ici (les) soutenir". "Leur présence pourra peut-être faire bouger les choses, faire pression sur l'Union européenne, pour changer la situation ici, à Calais", a affirmé l'homme qui vit dans la "Jungle", ce bidonville situé près de la rocade porturaire où survivent quelque 4.000 personnes.
"Nous sommes ici par solidarité et pour dénoncer l'inactivité de l'Etat français qui n'a pas la volonté d'assurer une vie meilleure aux réfugiés", a affirmé Rino, un étudiant italien de 22 ans, venu de Paris.
Des représentants politiques étaient également dans le cortège, notamment Karima Delli, députée européenne écologiste, mais aussi l'ex-candidat d'extrême gauche à l'élection présidentielle Philippe Poutou (NPA).
"Il faut accueillir les migrants de manière digne, c'est le minimum qu'on puisse faire", a-t-il dit.
Sur le chemin de la manifestation, des actes d'hostilité envers les migrants ont été constatés. Une habitante de Calais a apostrophé en termes violents les manifestants depuis sa fenêtre, a observé un photographe de l'AFP. Un Calaisien a été photographié un fusil à la main, à quelques mètres seulement de migrants.
Partis à 14H00 de la "Jungle" de Calais, les manifestants se sont dispersés aux alentours de 16H30 dans le centre-ville de Calais.
-'Débordements sérieux' -
La maire de Calais Natacha Bouchart a regretté "des débordements sérieux" en centre-ville où, a-t-elle rapporté, la statue du Général De Gaulle et dYvonne de Gaulle a été taguée "+Nik la France+ (sic)".
"Une nouvelle fois, la preuve est faite par l?exemple que les manifestations organisées par des pseudo-défenseurs des migrants ont essentiellement pour vocation de perturber la vie économique", a-t-elle dit.
"L'attitude des No Borders à Calais est scandaleuse : il faut des sanctions ! Je demande au gouvernement une réunion de crise en urgence", a pour sa part affirmé le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie Xavier Bertrand sur Twitter.
A une quarantaine de kilomètres de distance, le leader de l'opposition britannique, le travailliste Jeremy Corbyn, s'est rendu dans le camp de migrants de Grande-Synthe (2.500 migrants).
"Certaines personnes, sont ici depuis des mois, voire plus, dans le froid, dans l'humidité, sans éducation correcte, sans accès aux médecins, ni aux dentistes et avec un accès limité à la nourriture (...) ces conditions sont une honte", a affirmé le chef d'opposition britannique. "La Grande-Bretagne doit faire davantage pour résoudre le problème", a-t-il dit.
Environ 4.000 migrants, venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans la "Jungle" de Calais, considérée comme le plus grand bidonville de France, dans l'espoir d'atteindre l'Angleterre, considéré par eux comme un eldorado.
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