"Avec la hausse des températures, l?enneigement diminuera considérablement et les stations en dessous de 1800 m seront menacées. De ce fait, les Vosges se retrouvent dans la situation de vulnérabilité très élevée", soulignait il y a plusieurs années un rapport de la Direction régionale, de l'aménagement et du logement (Dreal) Alsace.
Concrètement, "être exploitant dans les Vosges, c'est se prendre une claque tous les 5 ans", résume Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France.
La dernière "claque" fut la saison 2013-2014: avec un enneigement "très médiocre" selon Météo-France, plusieurs stations n'ont ouvert que par intermittence. La fréquentation a baissé de 20% par rapport à la moyenne 2010-2014, voire de 30% dans certaines stations.
Mais en 2014-2015, avec une hausse de 36% les Vosgiennes ont montré qu'elles savaient rebondir et faire même encore mieux.
"Il y a une vingtaine de stations dans les Vosges (26, NDLR), et plus de la moitié sont privées", rappelle M. Reynaud. Preuve, dit-il, que "les opérateurs sont capables d'avoir une rentabilité, y compris dans une situation chronique de manque".
Ces dix dernières années, malgré des températures en hausse et une limite pluie-neige plus basse, les Vosges ont tout de même connu une légère croissance.
- "Massif dynamique" -
"C'est un massif dynamique, il y a une certaine modernité dans les Vosges et une expérience à partager. C'est un massif qui investit: la station de La Bresse s'est complètement reconstruite il y a 3 ou 4 ans", avance le responsable de Domaines skiables.
A La Bresse-Hoeneck, plus grande station du massif avec plus de 30 pistes, et 8.000 à 10.000 personnes par jour, un nouveau télésiège 6 places a été installé, comme un défi aux hivers trop doux.
"Depuis 50 ans, il y a toujours eu des hivers un peu surprenants. Au début, on concentrait tout sur les vacances de février. Maintenant, chaque jour de l'hiver compte", explique le directeur, Nicolas Claudel, qui préfère parler d'évolution plutôt que de réchauffement du climat.
"C'est de plus en plus en dents de scie (...) ça demande d'être en capacité d'exploiter au maximum les périodes de froid quand elles arrivent", explique-t-il.
Pour cela, La Bresse - une des pionnières de la neige de culture - est d'une réactivité hors pair: il faut 36 heures pour ouvrir la station. "Tout l'enjeu aujourd'hui, c'est de fabriquer vite de la neige" et de savoir l'utiliser au mieux, résume M. Claudel.
- "Effet crise" -
Pour Nicolas Buhl, responsable technique des installations de neige et des cultures au Schnepfenried (10 pistes, un snowpark), "on a plus l'habitude qu'ailleurs d'avoir des hauts et des bas". Depuis 2011, chaque année le chiffre d'affaires s'accroît et pas une saison ne s'est passée sans que la station - qui a reçu des subventions pour se moderniser - n'ouvre au moins 70 jours.
"L'+effet crise+ existe, c'est vrai. Il y a les gens qui vont plus près de chez eux, qui vont plus faire des petits week-ends que de grandes semaines. Et on a un très bel emplacement pour le ski débutant... Quand vous venez de Paris ou Lille, ça ne sert a rien de venir dans une grande station quand vous ne savez pas skier", explique M. Buhl.
Au Gashney, toute petite station qui vient de rouvrir après deux ans d'inactivité, on abonde: "Un forfait, ici c'est 16 euros la journée, 3 ou 4 fois moins que certaines stations alpines, et l?hébergement à proximité aussi est moins cher. Ca répond à une demande qui ne recherche pas forcément 200 km de pistes mais une convivialité, une approche économique", explique Philippe Kalt, directeur de la station.
Skis au pied, un Alsacien de 78 ans a fait la route pour tester la "nouvelle" station. "Ca fait bien longtemps que je n?ai pas vu le Gaschney aussi bien enneigé", se réjouit-il.
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