C'est le numéro un communiste, Pierre Laurent, qui l'a annoncé à sa sortie de l'Elysée: "Le président nous a confirmé que plusieurs textes seraient présentés le 3 février en Conseil des ministres, dont la prolongation pour trois mois de l'état d'urgence", a-t-il expliqué, en faisant référence aux textes concernant la révision constitutionnelle.
L?Elysée n'a pas confirmé à ce stade cette future prolongation, au-delà du 26 février, date à laquelle l'état d'urgence en vigueur arrivera à échéance.
"Nous nous opposons à la prolongation de l'état d'urgence", a réagi la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse, la dernière à être reçue par M. Hollande. Elle n'a cependant pas confirmé explicitement les propos de M. Laurent.
Les consultations du chef de l'Etat ont permis par ailleurs de lever progressivement le voile sur la réforme constitutionnelle en préparation, qui comprendra bien, selon le président des Républicains Nicolas Sarkozy, outre l'introduction de l'état d'urgence dans la Constitution, la déchéance de la nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme.
M. Sarkozy a prévenu que son camp était prêt à voter la réforme annoncée le 16 novembre par M. Hollande devant le parlement réuni en Congrès, à condition qu'elle soit "clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l'état d'urgence et sur la question du retrait de la nationalité pour les binationaux".
"Le président Hollande nous a dit que c'était bien son intention", a ajouté l'ancien chef de l'Etat après son entretien.
M. Sarkozy a ajouté plusieurs conditions pour que son parti soutienne la révision constitutionnelle: "Nous (...) avons demandé (...) qu'on se rapproche le plus possible de l?article 25 du Code civil, c?est-à-dire pour embrasser à la fois les crimes et les délits" liés au terrorisme, qui pourraient donc les uns comme les autres entraîner la déchéance.
- Les députés examineront la réforme à partir du 5 février -
Une demande votée par le bureau politique du parti Les républicains le 6 janvier.
Il souhaite aussi qu'"il puisse être fait état de la possibilité pour le pouvoir administratif d?assigner à résidence des individus réputés dangereux". "Sur ces bases", a conclu M. Sarkozy, Les Républicains "sont décidés à voter tout ce qui renforcera la sécurité des Français", une "priorité incontournable".
Vingt parlementaires LR, dont Nathalie Kosciukso-Morizet et le juppéiste Edouard Philippe, ont cependant fait savoir vendredi dans une tribune publiée par Le Figaro qu'ils ne voteraient pas cette réforme constitutionnelle, dénonçant un projet "inutile et dangereux" et une "manipulation politique".
Cette réforme, qui doit être examinée à compter du 5 février par les députés, exigera pour être votée définitivement une majorité des trois cinquièmes du Congrès.
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a indiqué pour sa part être "favorable" à une prolongation de l'état d'urgence, ainsi qu'à l'introduction de l'état d'urgence dans la Constitution.
Mais sur la question de la déchéance de la nationalité, il a déclaré, sans développer, que "pour toute déchéance, il était nécessaire que celle-ci ne pose pas le problème d'une séparation entre les Français et qu'il n'y ait point d'apatridie".
Aucun visiteur de l'Elysée n'a révélé toutefois la formule miracle de l'exécutif qui permettrait de réconcilier tout le monde au sujet de la déchéance. Cette question est particulièrement sensible à la gauche de la gauche et hérisse beaucoup au sein du PS.
Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, a affirmé que serait présenté dès ce mercredi en Conseil des ministres le projet de loi sur la réforme de la procédure pénale, qui doit renforcer les pouvoirs d'enquête de la justice en matière de terrorisme, mais aussi les lois d'application de la révision constitutionnelle.
L'Elysée n'a toutefois pas confirmé cette date.
Il appartiendra au chef de l'Etat de trancher définitivement sur la teneur de la révision constitutionnelle, devenue au fil des semaines un vrai casse-tête pour l'exécutif.
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