Vendredi après-midi, la RN 164, qui traverse la Bretagne centrale, et la RN 12, axe majeur reliant Rennes à Brest, étaient à nouveau bloquées dans les deux sens par des manifestants.
La RN 12 était bloquée en deux points, situés à une trentaine de kilomètres à l'ouest et à l'est de Saint-Brieuc. En venant de Rennes, le premier barrage se situait à Tramain, où converge également la RN176 en provenance de Caen et Dinan. Il devait être levé en début de soirée, selon les manifestants.
Le second a été établi après Guingamp, en direction de Brest, à l'intersection de la D767, très fréquentée, qui mène à Lannion et à la côte de granit rose.
La circulation sur la RN164 était également interrompue en deux endroits, l'un à Mûr-de-Bretagne et l'autre à Laurenan, tous deux en Côtes d'Armor. Ce dernier barrage a été levé vers 17h.
Mais la levée des barrages ne signifie pas le retour normal à la circulation. Car même si elle n'a pas été dégradée par des feux, la chaussée doit au minimum être débarrassée des détritus qui ont été déversés, ce qui prend plusieurs heures.
Par ailleurs, à Rennes, dès 06H30, une cinquantaine d'éleveurs de porcs et de producteurs de lait, étranglés par la chute des cours, se sont rassemblés à l'appel des Jeunes agriculteurs (JA) et de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) devant la préfecture de région avec onze tracteurs.
Une délégation a été reçue par le préfet et les manifestants se sont ensuite rendus en cortège au siège de l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) pour y discuter de la restructuration des filières d'élevage.
Ils ont quitté les lieux vers midi après avoir bloqué avec leurs tracteurs l'accès au parking d'un hypermarché Leclerc situé à proximité. Sur l'un des engins agricoles, une pancarte: "On ne veut pas mourir en silence".
A Saint-Malo, des agriculteurs se sont également rendus avec des tracteurs devant la sous-préfecture où une délégation a été reçue en cours d'après-midi.
Les éleveurs tirent depuis des mois la sonnette d'alarme en raison des cours trop bas, inférieurs aux coûts de production, auxquels le porc, le lait et la viande bovine sont achetés par les industriels de la transformation.
Les syndicats veulent également obtenir l'engagement des distributeurs et des industriels pour le respect d'un prix équitable reversé au producteur et de la transparence sur la répartition des marges tout au long de la filière.
- Étincelle costarmoricaine -
Jeudi soir à Quimper, plusieurs dizaines d'agriculteurs du Finistère avaient déversé du fumier et incendié des pneus, avant d'être délogés par les forces de l'ordre. D'autres ont aussi manifesté le même jour en Pays de la Loire, à Laval et dans la Sarthe.
En Normandie, dans la Manche, le Calvados et l'Orne, les JA ont mené jeudi soir des actions "d'avertissement" devant une petite quinzaine de sites industriels, des laiteries pour la plupart, mais aussi quelques abattoirs, sans qu'aucune dégradation n'ait été relevée, selon les gendarmes.
"C'est une première alerte. On va poursuivre les actions dans les prochaines semaines. On ne va pas se résigner seuls dans nos exploitations", a affirmé Guillaume Larchevêque, président des JA de l'Orne, lors d'une action à Gacé.
Mercredi, les agriculteurs des Côtes-d'Armor avaient ouvert les hostilités en bloquant un axe majeur, la RN12 (plus de 60.000 véhicules/jour), à proximité de Saint-Brieuc, qu'ils ont quitté jeudi matin dans le calme à l'invitation des forces de l'ordre.
A Quintin (Côtes d'Armor) une voiture a percuté un tas de gravats délesté par des manifestants. Le conducteur a été hospitalisé à Saint-Brieuc.
Le préfet des Côtes d'Armor, Pierre Lambert, a appelé les manifestants "à la raison, en ne faisant aucun délestage sur les voies de circulation". "Ces comportements répréhensibles seront poursuivis", a-t-il averti.
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