La chancelière allemande devait s'entretenir dans la journée à Berlin avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu et ses principaux ministres pour des consultations germano-turques inédites dans ce format, dont elle a affirmé qu'elles pourraient jouer "un rôle clé" pour la résolution de la crise des migrants.
Les 44 victimes se sont noyées dans trois naufrages entre les côtes grecques et turques. Le chavirage d'un bateau au large de l'îlot de Kalolimnos a fait au moins 34 morts, dont 11 enfants et 16 femmes. Les recherches se poursuivaient dans la zone, alors que selon les 26 rescapés, plusieurs dizaines de personnes se trouvaient à bord.
Sept autres personnes, six enfants et une femme, se sont noyées quand leur embarcation s'est échouée sur les côtes de Farmakonissi, plus au nord. Les garde-côtes turcs ont de leur côté repêché les corps de trois enfants après un troisième naufrage.
Cette série noire est l'une des plus meurtrières depuis le début en 2015 de l'afflux en Europe de personnes fuyant guerres et misère via les côtes turques puis les îles grecques. Athènes et les humanitaires mettaient en garde depuis des semaines contre le risque croissant encouru par réfugiés et migrants du fait de l'hiver.
- Financement problématique -
Avant même la découverte des nouveaux corps, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déploré "un record de morts (...) en Méditerranée en janvier 2016 par rapport aux mois de janvier 2015 et 2014", avec au moins 119 morts.
Depuis le début de l'année, l'OIM a dénombré 36.000 arrivées sur les îles grecques.
Pour tenter de juguler l'afflux depuis la Turquie, l'Europe veut, sous l'impulsion d'Angela Merkel, qu'Ankara fasse plus pour empêcher les migrants, notamment syriens, de tenter le voyage vers l'UE.
"Nous avons un intérêt commun à ce que moins de réfugiés aillent en Turquie et que la Turquie ne les laisse pas simplement passer (...) c'est pourquoi nous voulons déterminer (nos) intérêts communs pour que cela cesse", a déclaré jeudi soir le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière.
L'UE a promis fin novembre 3 milliards d'euros aux autorités turques en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs. Mais les gouvernements européens peinent toujours à en boucler le financement et Ankara est accusé de ne pas jouer le jeu. Début janvier, l'UE s'est dite "loin d'être satisfaite" de sa coopération avec la Turquie.
Mme Merkel est de son côté toujours plus contestée dans son propre camp conservateur et isolée en Europe, le flux de migrants arrivant en Allemagne ne se tarissant pas après le record de 1,1 million d'arrivées en 2015.
- Certains pays n'attendent plus -
Elle continue néanmoins de refuser un plafonnement du nombre de réfugiés accueillis, promettant à son opinion des solutions internationales et européennes pour réduire de manière "tangible" les arrivées. Mais ses propositions, comme la répartition par quotas des migrants au sein de l'UE, est rejetée par nombre d'Etats-membres.
La chancelière a promis de faire un "bilan intermédiaire" de sa politique après trois rendez-vous clé: la rencontre avec M. Davutoglu, une conférence des donateurs sur la Syrie à Londres le 4 février et un sommet européen mi-février.
Certains pays n'attendent plus, en tout cas à court terme, la solution européenne voulue par Mme Merkel. C'est le cas de l'Autriche qui a annoncé l'instauration d'un plafond d'accueil annuel des migrants.
Tant qu'il n'y a pas de solution commune, "c'est à nous-mêmes de nous protéger", a expliqué le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz.
A la veille de son déplacement à Berlin, M. Davutoglu a exhorté de son côté l'UE à prendre des mesures "concrètes" pour aider son pays qui accueille 2 millions de Syriens, affirmant ne pas demander "d'argent".
Enfin, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a appelé lui à Davos à une "augmentation de 30%" de l'aide internationale aux réfugiés pour qu'elle soit portée "de 10 milliards de dollars en 2015 à 13 milliards de dollars cette année".
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