Dès 06H30, une cinquantaine d'éleveurs de porcs et de producteurs de lait, étranglés par la chute des cours, se sont rassemblés à l'appel des Jeunes agriculteurs (JA) et de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) devant la préfecture de région avec onze tracteurs, selon la préfecture.
Une délégation a été reçue par le préfet et les manifestants se sont ensuite rendus en cortège au siège de l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) pour y discuter de la restructuration des filières.
Ils réclament d'avoir deux groupements de producteurs au lieu de dix actuellement. "On ne peut pas dire que c'était un dialogue de sourds mais c'était quand même un peu ça", a déclaré à l'issue de la réunion Loïc Guines, président de la FDSEA 35.
Les manifestants ont quitté les lieux vers midi après avoir bloqué avec leurs tracteurs l'accès à un parking d'un hypermarché Leclerc situé à proximité. Sur l'un des engins agricoles, une pancarte: "On ne veut pas mourir en silence".
Les éleveurs tirent depuis des mois la sonnette d'alarme en raison des cours trop bas, inférieurs aux coûts de production, auxquels le porc, le lait et la viande bovine sont achetés par les industriels de la transformation.
Les syndicats veulent également obtenir l'engagement des distributeurs et des industriels pour le respect d'un prix équitable reversé au producteur et de la transparence sur la répartition des marges tout au long de la filière.
Devant la sous-préfecture d'Ille-et-Vilaine à Saint-Malo, une manifestation a également réuni 31 tracteurs et une cinquantaine de manifestants, selon la préfecture.
- Étincelle costarmoricaine -
Jeudi soir à Quimper, plusieurs dizaines d'agriculteurs du Finistère avaient déversé du fumier et incendié des pneus, avant d'être délogés par les forces de l'ordre. D'autres ont aussi manifesté le même jour en Pays de la Loire, à Laval et dans la Sarthe.
En Normandie, dans la Manche, le Calvados et l'Orne, les JA ont mené jeudi soir des actions "d'avertissement" devant une petite quinzaine de sites industriels, des laiteries pour la plupart, mais aussi quelques abattoirs, sans qu'aucune dégradation n'ait été relevée, selon les gendarmes.
"C'est une première alerte. On va poursuivre les actions dans les prochaines semaines. On ne va pas se résigner seuls dans nos exploitations", a affirmé Guillaume Larchevêque, président des JA de l'Orne, lors d'une action à Gacé.
Mercredi, les agriculteurs des Côtes-d'Armor avaient ouvert les hostilités en bloquant un axe majeur, la RN12 (plus de 60.000 véhicules/jour), à proximité de Saint-Brieuc, qu'ils ont quitté jeudi matin dans le calme à l'invitation des forces de l'ordre.
Ils ont encore multiplié les actions sur cet axe Rennes-Brest, notamment près de Guingamp, où une soixantaine d'agriculteurs ont repris position vendredi matin avec une quinzaine de tracteurs, selon la préfecture des Côtes-d'Armor.
Ces actions dispersées sont à l'origine d'un accident à Quintin, dans le sud du département: une voiture a percuté un tas de gravats délesté par des manifestants représentant "l'équivalent de 11 remorques", dénonce la préfecture dans un communiqué. Le conducteur a été hospitalisé à Saint-Brieuc.
Le préfet Pierre Lambert a appelé les manifestants "à la raison, en ne faisant aucun délestage sur les voies de circulation". "Ces comportements répréhensibles seront poursuivis", a-t-il averti.
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