La chancelière allemande doit s'entretenir en milieu de journée à Berlin avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu et ses principaux ministres pour des consultations germano-turques inédites dans ce format, dont elle a elle-même affirmé qu'elles joueraient "un rôle clé" pour la résolution de la crise des migrants.
Une conférence de donateurs sur la Syrie suivra le 4 février à Londres et enfin un sommet européen mi-février. "C'est après ça qu'on pourra faire un bilan intermédiaire", a dit Mme Merkel.
La chancelière a évoqué jeudi soir cette conférence de donateurs avec le président américain Barack Obama, au cours d'une conversation téléphonique. Selon le porte-parole d'Angela Merkel, M. Obama a promis que son gouvernement allait "prendre part de manière substantielle" à cette conférence.
La Turquie, par qui passent le plus grand nombre des candidats à l'asile en Europe, joue un rôle central dans la stratégie de la chancelière visant à remplir son objectif de réduire cette année de manière "significative" le nombre de demandeurs d'asile en Allemagne, après un record d'un million en 2015.
Mme Merkel continue à refuser bec et ongles une fermeture des frontières aux réfugiés ou un plafonnement de leur nombre en promettant à son opinion une solution internationale passant par un meilleur contrôle du flux depuis par la Turquie et une répartition des migrants via des quotas européens.
Mais cette solution peine à se concrétiser, attisant les critiques désormais d'une partie de ses propres députés, tandis que la crise avec la branche bavaroise (CSU) de sa formation politique conservatrice empire de jour en jour. Si Mme Merkel n'obtient pas rapidement une meilleure coopération d'Ankara, la situation deviendra politiquement périlleuse pour elle, alors que des scrutins régionaux cruciaux se profilent en mars.
"L?endiguement du flux de réfugiés sera abordé lors de ces consultations gouvernementales", a déclaré jeudi la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, en déplacement en Turquie.
L'UE a promis fin novembre 3 milliards d'euros aux autorités turques en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs. Mais d'une part les gouvernements européens peinent toujours à en boucler le financement et d'autre part Ankara est accusée de ne pas jouer le jeu.
Début janvier, l'UE s'est dite "loin d'être satisfaite" de sa coopération avec la Turquie. Et lundi, le président grec Prokopis Pavlopoulos, en visite à Berlin, a accusé les autorités portuaires turques de soutenir les passeurs qui organisent la traversée de migrants vers les îles grecques, porte d'entrée dans l'UE.
- 'Problème mondial' -
Entre 2.000 et 3.000 réfugiés continuent à arriver chaque jour sur les côtes grecques, même si polices allemande et turque ont annoncé ensemble cette semaine le démantèlement d'un réseau de passeurs en Méditerranée.
A la veille de son déplacement à Berlin, M. Davutoglu a exhorté de son côté l'Union européenne à prendre des mesures "concrètes" pour aider son pays à enrayer le flux des migrants.
"Nous ne demandons pas d'argent, nous ne négocions pas d'argent (...) pour nous, il s'agit d'un devoir humanitaire, pas d'un problème d'assistance financière", a déclaré M. Davutoglu devant le Forum économique de Davos. "Ce n'est pas un problème allemand, un problème turc ou même un problème syrien, c'est un problème mondial", a-t-il ajouté.
Vendredi, Berlin pourrait rallonger cette aide en mettant de sa propre poche "plus d'argent" sur la table, sans préciser le montant de cette enveloppe, affirmait jeudi le quotidien conservateur Die Welt.
La lutte contre l'organisation Etat islamique sera un autre thème important de la rencontre à Berlin, une dizaine de jours après l'attentat suicide qui a fait dix victimes allemandes le 12 janvier à Istanbul. De même que la liberté de la presse en Turquie et la question kurde. Trois rassemblements pro-kurdes sont prévus à Berlin vendredi en marge de la visite de M. Davutoglu.
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