Cet ancien "grand flic" de 59 ans, qui fut membre du cabinet de Claude Guéant à l'Intérieur, a été mis en examen notamment pour abus d'autorité, prise illégale d'intérêt par personne exerçant une fonction publique, corruption passive par agent public, recel d'abus de biens sociaux et détournement de fonds publics, a indiqué une source judiciaire.
Placé sous contrôle judiciaire, il s'est vu interdire l'exercice de tout emploi public, et ne pourra pas exercer d'activité dans les secteurs de la sécurité ou des aéroports. Il a aussi dû s'acquitter d'une caution de 150.000 euros.
Alain Gardère avait été placé en garde à vue mardi dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices".
Il avait aussitôt été suspendu de ses fonctions à la tête du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), l'instance chargée notamment de délivrer des agréments aux entreprises de sécurité privés, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.
Un autre policier, son directeur de cabinet au Cnaps, a également été mis en examen notamment pour atteinte à la liberté et à l'égalité d'accès aux marchés publics, corruption passive par agent public et complicité de détournement de fonds publics.
Interpellés également mardi, le patron d'une société de sécurité et de services aux aéroports et deux femmes ont en revanche été remis en liberté à l'issue de leur garde à vue.
- Il aurait "rendu des services" -
Selon une source proche du dossier, Alain Gardère est notamment soupçonné "d'avoir rendu des services. En échange, il n'aurait pas payé des restaurants, certaines vacances...". Une information judiciaire avait été ouverte le 23 septembre.
Nommé préfet par la droite, Alain Gardère avait été nommé en mars 2011 directeur adjoint de cabinet du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il avait été envoyé à Marseille comme préfet délégué pour la sécurité quelques mois plus tard, avec notamment pour mission d'y faire cesser les règlements de comptes sanglants.
Il avait quitté ce poste peu après l'arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, prenant en charge la sécurité des aéroports parisiens de Roissy et du Bourget jusqu'à sa nomination au Cnaps en janvier 2015.
C'est aussi notamment lui qui avait mis en oeuvre la réforme de la police du Grand Paris quand il avait pris la tête de la police urbaine de proximité en 2005.
Alain Gardère n'est pas le premier préfet auquel la justice s'intéresse.
En 2003, le préfet de Corse Bernard Bonnet avait été condamné à trois ans de prison dont un ferme, considéré comme le "donneur d'ordre" en 1999 de l'incendie d'une paillote installée illégalement par un restaurateur sur une plage publique de l'île de Beauté.
Jean-Charles Marchiani, préfet du Var de 1995 à 1997 et proche de Charles Pasqua, avait écopé en 2008 d'une peine de trois ans de prison pour avoir perçu des commissions occultes lors de passations de marchés. Il avait également été condamné en 2011 à huit mois d'emprisonnement dans le scandale de l'Angolagate pour abus de biens sociaux et fraude fiscale.
En 2012, l'ex-préfète de Lozère (2007-2009) Françoise Debaisieux avait été condamnée à un an de prison ferme pour avoir dérobé des tableaux et des meubles appartenant à l'Etat, qu'elle avait ensuite restitués.
Claude Guéant, également préfet, a été condamné en novembre à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris dans le procès des primes en liquide versées alors qu'il était directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Il est également mis en examen notamment pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée dans l'affaire de deux tableaux flamands qu'il dit avoir vendus pour expliquer un virement de 500.000 euros sur son compte.
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