La BCE "ne capitule pas" et a "le pouvoir, la volonté et la détermination d'agir" pour remplir son mandat, à savoir ramener l'inflation en zone euro au niveau qu'elle souhaite, a martelé M. Draghi jeudi lors de sa conférence de presse à Francfort (ouest). Ces derniers mois, la hausse des prix est restée atone, sur fond de baisse des prix du pétrole.
"Il n'y a pas de limites" à l'utilisation des instruments de politique monétaire à sa disposition, a-t-il poursuivi. Et la démonstration pourrait en être faite dès le mois de mars, puisqu'il sera "nécessaire de réévaluer et peut-être revoir" la politique monétaire lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, le 10 mars.
Les marchés ne s'y sont pas trompés et les Bourses européennes sont parties à la hausse après ces annonces. Francfort a fini sur une hausse de 1,94%, Paris de 1,97% et Londres de 1,77%.
La banque centrale avait déjà décidé début décembre de prolonger de six mois son programme de rachat de dettes lancé en mars 2015, le "QE", et d'abaisser l'un des taux directeurs.
- Augmentation des risques -
Ces mesures avaient toutefois fortement déçu observateurs et investisseurs, qui attendaient une action de plus grande envergure, et notamment un gonflement du volume mensuel des rachats dans le cadre du "QE". Ce pourrait être la prochaine étape annoncée en mars.
"En décembre, le conseil de la BCE n'a pas validé l'assouplissement monétaire que Draghi avait manifestement demandé. En mars, il veut essayer encore", a réagi Holger Schmieding, de la banque Berenberg. Et selon cet économiste, "les chances que le conseil des gouverneurs accepte un stimulus supplémentaire ont augmenté".
"Les conditions ont changé", a fait valoir M. Draghi, et "la crédibilité de la BCE serait endommagée si elle n'était pas capable de revoir sa politique" pour l'adapter à des conditions qui évoluent.
Entre secousses financières en Asie et ailleurs, dégringolade des prix du pétrole et inquiétudes autour de la croissance dans les économies émergentes, les risques pesant sur l'inflation et la croissance en zone euro "ont encore augmenté" depuis la fin d'année 2015, a souligné le banquier central.
En décembre, la hausse des prix s'est limitée à 0,2%, là où la BCE aimerait atteindre un peu moins de 2%. Tout en reconnaissant que "la dynamique de l'inflation est en-dessous de nos attentes", M. Draghi reste convaincu que la politique qu'il met en oeuvre est "efficace".
- "Pas de division" -
Comme beaucoup le prévoyaient, l'Italien n'a dévoilé aucune nouvelle mesure concrète. Mais "ce qui était annoncé comme un premier rendez-vous de l'année ennuyeux s'est avéré être une réunion BCE passionnante, M. Draghi ouvrant grand la porte pour une nouvelle intervention en mars", se réjouissait Carsten Brzeski, du groupe financier ING.
Le président de la BCE a ainsi satisfait les attentes des analystes, qui anticipaient un message fort et rassurant.
Pour Johannes Gareis, de Natixis, "de façon étonnante, M. Draghi a agi aujourd'hui comme si la déception du mois de décembre n'avait jamais existé. (...) Nous n'attendions pas de lui un ton aussi accommodant et une nouvelle action semble très probable désormais".
"Toute la question reste de savoir si Draghi va être capable de remplir ses promesses" le mois prochain, s'interroge quant à lui M. Brzeski.
Le compte-rendu de la dernière réunion du conseil des gouverneurs avait laissé entrevoir de profondes dissensions en interne, entre ceux qui souhaitent une action plus musclée et les partisans du statu quo.
Il n'en est en fait rien, a assuré M. Draghi. Ce protocole "ne montre pas de division" au sein du conseil, a martelé le gardien de l'euro, balayant d'un revers de main la lecture qui en a communément été faite.
Le conseil des gouverneurs, instance de 25 membres qui prend les décisions de politique monétaire, "est ferme dans son appréciation de la nécessité d'atteindre l'objectif (d'inflation) sans tarder, et de déployer sans hésitation tous les instruments nécessaires", a-t-il affirmé.
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