La BCE "ne capitule pas" et a "le pouvoir, la volonté et la détermination d'agir" pour remplir son mandat, à savoir ramener l'inflation en zone euro, atone sur fond de baisse des prix du pétrole, au niveau qu'elle souhaite, a martelé M. Draghi jeudi lors de sa conférence de presse à Francfort (ouest).
"Il n'y a pas de limites" à l'utilisation des instruments de politique monétaire à sa disposition, a-t-il poursuivi. Et la démonstration pourrait en être faite dès mars, puisqu'il sera "nécessaire de réévaluer et peut-être revoir'" la politique monétaire lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, le 10 mars.
Les marchés ne s'y sont pas trompés et les Bourses européennes, hésitantes dans la matinée, sont parties à la hausse, Francfort affichant un mieux de 1,80% à 14H25 GMT et Paris de 1,41%.
La BCE avait musclé son action, déjà conséquente, en décembre dernier, mais depuis "les conditions ont changé", a reconnu M. Draghi, et "la crédibilité de la BCE serait endommagée si elle n'était pas capable de revoir sa politique" pour l'adapter à des conditions qui évoluent.
Secousses financières - jeudi les Bourses asiatiques ont à nouveau dévissé - , dégringolade des prix du pétrole et inquiétudes autour de la croissance dans les économies émergentes ont dominé le début d'année, et avaient alimenté les spéculations autour d'une nouvelle action de la BCE.
En n'annonçant rien de concret encore - les taux directeurs restent inchangés, le taux central à son plus bas historique de 0,05% - mais en ouvrant grand la porte à une nouvelle action dans six semaines, M. Draghi se conforme aux attentes des analystes qui anticipaient un message fort et rassurant, mais pas de nouvelle action dès ce mois-ci.
- "mesures efficaces" -
La BCE avait déjà début décembre décidé de prolonger de six mois son programme de rachat de dettes lancé en mars 2015, le "QE", et d'abaisser l'un des taux directeurs.
Ces mesures avaient fortement déçu observateurs et investisseurs, qui attendaient une action de plus grande envergure, et notamment un gonflement du volume mensuel des rachats dans le cadre du "QE". Ce pourrait être la prochaine étape annoncée en mars.
Tout en reconnaissant que "la dynamique de l'inflation est en-dessous de nos attentes", avec une inflation à 0,2% en zone euro là où la BCE aimerait voir un peu moins de 2%, M. Draghi reste en tout cas convaincu que la politique qu'il met en oeuvre est "efficace". Les mesures, à savoir le "QE" mais aussi des prêts avantageux aux banques et les taux bas, ont un effet "significatif, si ce n'est spectaculaire", a-t-il fait valoir, par exemple sur l'octroi de crédit.
La tâche de M. Draghi est compliquée par les profondes dissensions au sein du conseil des gouverneurs, tiraillé entre ceux qui souhaitent une action plus musclée et les partisans du statu quo. Il a toutefois assuré jeudi que la détermination à agir était partagée à l'unanimité au sein du conseil, qui comprend les 19 gouverneurs des banques centrales du bloc monétaire et les six directeurs de la BCE.
Certains observateurs, surtout en Allemagne, appellent pourtant la banque centrale à en finir avec sa politique très accommodante. Face aux risques de bulles immobilière et financière, "il faut mettre un terme à la politique de taux zéro" pratiquée par l'institution, plaide Jörg Krämer, de Commerzbank, économiste en vue, dans une tribune publiée jeudi dans la presse allemande.
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