EDF a annoncé dans un communiqué une "baisse des effectifs de 5% sur le périmètre d?EDF SA, sans aucun licenciement, sur la période 2016-2018". Sur un effectif annoncé de 67.000 salariés, cela reviendrait à une réduction de 3.350 postes. Les syndicats font part, eux, de "jusqu'à 4.200 postes" supprimés.
Cette réduction des effectifs, "inacceptable" et "assortie d'un plan d'économies de 700 millions d'euros sur trois ans", survient "au pire moment" alors que l'entreprise fait face à des "enjeux majeurs", notamment avec le grand carénage (maintenance lourde des centrales nucléaires françaises), a souligné Philippe Page Le Mérour (CGT), lors d'une conférence de presse à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où siège le CCE d'EDF SA.
"C'est une provocation" qui fait suite à "20 ans de déréglementation" du secteur de l'énergie, a déclaré de son côté Maurice Isler (FO), qui craint encore davantage de suppressions de postes, la baisse annoncée ne prenant pas en compte par exemple la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ou l'ouverture à la concurrence des concessions hydrauliques demandée par Bruxelles. "Les salariés ne sont pas la variable d'ajustement", a-t-il ajouté.
Mettant l'accent sur la situation "difficile" de l'entreprise et surtout le danger que représente, à ses yeux, le projet de construction de deux EPR à Hinkley Point, en Angleterre, la CFE-CGC demande qu'il soit "a minima reporté", a souligné son représentant Francis Raillot.
Selon EDF, cette baisse d'effectifs "s?inscrit dans un environnement marqué par une concurrence accrue et des conditions de marché défavorables en France et en Europe qui nécessite une adaptation de l?entreprise".
- EDF "au bord de la rupture" -
L'électricien, qui avait beaucoup embauché ces cinq dernières années, assure qu'il "restera un recruteur important" avec "1.000 à 2.000" embauches chaque année, selon la directrice des ressources humaines, Marianne Laigneau.
Pour protester contres ces suppressions de postes, les salariés d'EDF, et plus largement ceux de l'énergie, étaient appelés à se mobiliser ce jeudi par la CGT, la CFE-CGC et FO.
Selon la CGT, premier syndicat du secteur, la grève a entraîné des tensions sur le réseau, avec une baisse de charge de "12.000 MW" dans la nuit, soit environ 20% de la production d'électricité.
Tous les secteurs de la production - nucléaire, hydraulique (barrages) et thermique (centrales fioul et charbon) - sont touchés par la grève, a indiqué à l'AFP Marie-Claire Cailletaud, porte-parole de la fédération Mines Energie CGT. Mais elle est moins visible dans le nucléaire, car quand la production devient critique pour le réseau, des messages sûreté sont envoyés aux opérateurs qui sont obligés de remonter la production, faute de quoi ils sont sanctionnés, a-t-elle expliqué.
Ce mouvement de grève est le quatrième depuis début novembre. Outre les suppressions de postes, les syndicats s'inquiètent du contexte difficile pour EDF, fragilisé selon eux par, entre autres, le rachat d'Areva NP, l'ouverture à la concurrence des concessions hydroélectriques demandée par Bruxelles ou le projet d'Hinkley Point.
Dans une lettre ouverte au président de la République publiée mercredi, FO s'alarmait du "jeu de massacre" autour d'EDF, "au bord de la rupture". "On attend de l'Etat", actionnaire à près de 85%, "qu'il prenne ses responsabilités", a dit jeudi la CGT, en mettant en cause les dividendes versées par EDF.
Jeudi, les élus du CCE (CGT, CFE-CGC, CFDT et FO) ont décidé de poursuivre la procédure de droit d'alerte lancée le 10 décembre, la première dans l'entreprise. Ils en ont aussi appelé aux parlementaires pour qu'ils se saisissent du dossier.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.