Identité normande. L'expression a été rabâchée ces derniers mois à la faveur de la réunification de la Normandie. Les grands épisodes de l'histoire collective – de Guillaume le Conquérant au Débarquement en passant par Jeanne d'Arc ou la bataille d'Hastings – sont mis en avant.
Une quête identitaire
Certains n'ont pas attendu 2016 pour creuser et trouver leurs racines individuelles. À l'Union Normande des Cercles Généalogiques, ils sont près de 5 000 à remonter leurs arbres généalogiques. "La généalogie est à la mode depuis l'après-guerre, explique Olivier Poupion, son secrétaire général. C'est là qu'elle a touché les classes populaires. Et aujourd'hui, tout le monde en fait." Le secrétaire général est lui-même un produit de cet effet de mode : "Dans les repas de famille, on évoquait souvent ces oncles et tantes perdus de vue. Cela m'intriguait. J'ai commencé en 1984, je suis remonté jusqu'au début du XVIe siècle. Avant, l'état civil n'existait pas, cela devient plus compliqué." C'est ainsi qu'Olivier Poupion s'est découvert une famille aux forts accents manchois, près d'Avranches. Si la majeure partie des généalogistes redécouvre une famille "ordinaire", certains sont surpris. Une commerçante seinomarine est remontée jusqu'à de grandes familles espagnoles alliées aux rois de France. Michèle Jourdren, présidente du Cercle de Rouen, a découvert que l'un des derniers cap-horniers était un oncle de son père. Mais "une généalogie entière en Normandie, c'est rare, témoigne Nadine Dufils d'Esquermes, membre de l'association rouennaise depuis 1983. Notamment du fait des apports de population." Cette Euroise à la retraite, séduite par l'intérêt historique de la généalogie, rapporte que son ascendance lorraine résulte du déménagement des usines Blin à Elbeuf, suite à l'annexion allemande de 1871. "Des témoignages attestent que de nombreuses ouvrières textiles sont venues d'Alsace à pied !", rapporte-t-elle. Les ancêtres de son mari, sont Normands jusqu'à un certain Pierre Lasnon, "un bourgeois de Rouen né en 1550".
Repousser les limites
Avant le XVIe siècle, les pistes se brouillent. Pourtant, des chercheurs de l'université de Leicester, en Angleterre, se sont mis en tête de trouver des ascendances vikings (du IXe et Xe siècles) aux habitants du Nord-Cotentin sur la base d'un échantillon de salive. "Nous avons l'espoir de pouvoir présenter la synthèse des résultats en avril prochain", annonce Julien Deshayes, historien et directeur du syndicat mixte Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin. L'initiative a le mérite d'inscrire les Normands actuels dans la grande histoire régionale : "Être descendant des Vikings, c'est aujourd'hui quelque chose qui marque l'imaginaire. C'est en tout cas l'un des éléments qui détermine l'identité d'un certain nombre d'individus qui se sentent Normands."
Mais l'identité normande, aujourd'hui, au delà du sang, passe avant tout par l’attachement à ce territoire si dense et si riche.
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