Cet ancien commissaire de 59 ans avait été placé en garde à vue mardi dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 23 septembre, notamment pour abus de biens sociaux, trafic d'influence, corruption et prise illégale d'intérêts.
Il avait aussitôt été suspendu de ses fonctions à la tête du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), l'instance chargée notamment de délivrer des agréments aux entreprises de sécurité privés, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.
Un autre policier, son directeur de cabinet au Cnaps, a aussi été déféré. Le patron d'une importante société de sécurité et de services aux aéroports et deux femmes, également interpellés mardi, ont en revanche été remis en liberté.
- "Rendu des services" -
Selon une source proche du dossier, Alain Gardère a été entendu par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", "sur des faits liés à son activité au Cnaps et sur des faits plus anciens". Le préfet est notamment soupçonné "d'avoir rendu des services. En échange, il n'aurait pas payé des restaurants, certaines vacances...", a détaillé cette source.
Propulsé préfet par la droite, l'ancien "grand flic" avait été nommé en mars 2011 directeur adjoint de cabinet du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il avait été envoyé à Marseille comme préfet délégué pour la sécurité quelques mois plus tard, avec notamment pour mission d'y faire cesser les règlements de comptes sanglants.
Il avait quitté ce poste peu après l'arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, prenant en charge la sécurité des aéroports parisiens de Roissy et du Bourget jusqu'à sa nomination au Cnaps en janvier 2015.
C'est aussi lui qui avait mis en oeuvre la réforme de la police du Grand Paris quand il avait pris la tête de la police urbaine de proximité en 2005.
Alain Gardère n'est pas le premier préfet auquel la justice s'intéresse.
Claude Guéant, également préfet, est mis en examen notamment pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée dans l'affaire de la vente de deux tableaux flamands pour expliquer un virement de 500.000 euros sur son compte. Il a également été condamné en novembre à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire des primes en liquide versées alors qu'il était directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur.
Un autre préfet proche de l'ancien président Sarkozy, Guillaume Lambert, a pour sa part été mis en examen en tant que directeur de sa campagne présidentielle en 2012, notamment pour escroquerie et recel d'abus de confiance dans l'affaire Bygmalion.
En 2012, l'ex-préfète de Lozère (2007-2009) Françoise Debaisieux avait été condamnée à un an de prison ferme pour avoir dérobé des tableaux et des meubles appartenant à l'Etat, qu'elle avait ensuite restitués.
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