"Les récentes secousses sur les marchés financiers, les craintes que les prix du pétrole puissent ralentir l'économie mondiale plutôt que de la dynamiser, et les inquiétudes autour de la Chine et des marchés émergents ont alimenté les spéculations autour d'une nouvelle action" de la Banque centrale européenne (BCE), souligne Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Mercredi, tous ces facteurs ont à nouveau pesé sur les Bourses européennes, Francfort abandonnant 2,82%, Paris 3,45% et Londres 3,46%.
En ce qui concerne l'économie réelle, ajoute M. Brzeski, "la zone euro semble toutefois être préservée de cette tempête pour le moment (...), nous pensons que la BCE va garder en réserve les munitions qu'il lui reste, du moins pour cette semaine".
Réuni depuis mercredi, le conseil des gouverneurs de la banque centrale, composé des 19 présidents des banques centrales nationales de la zone euro et de six directeurs, fera connaître à 12H45 GMT ses décisions concernant les taux directeurs de l'institution. Une annonce suivie comme toujours d'une conférence de presse du président, Mario Draghi, à partir de 13H30 GMT.
- La crédibilité en question -
Tout assouplissement supplémentaire de la politique monétaire "entacherait probablement la crédibilité de la BCE, à peine un mois après l'annonce d'un nouveau paquet de mesures", juge Andrew Cates, de RBS.
Contrariée par une inflation en berne depuis de longs mois et une reprise toujours contenue en zone euro, la BCE, dont l'objectif premier est une inflation proche de 2% dans le bloc monétaire, a décidé début décembre de prolonger jusqu'à mars 2017 son vaste programme de rachat de dettes lancé en mars 2015, le "QE", et d'abaisser l'un des taux directeurs.
Ces mesures ont fortement déçu observateurs et investisseurs. A l'aune de déclarations de banquiers centraux en amont, ils attendaient une action de bien plus grande envergure, notamment des volumes d'achat mensuels plus importants dans le cadre du "QE".
Ce jeudi, "M. Draghi va probablement affirmer que la porte reste grande ouverte pour une nouvelle intervention ces prochains mois", poursuit M. Cates.
Dans la mesure où l'inflation ne semble pas partie pour se ressaisir, avec un prix du pétrole en recul permanent, "la probabilité d'un nouveau tour de stimulus augmente clairement", renchérit son confrère Marco Valli, de UniCredit.
Malgré l'affairisme des banquiers centraux, l'inflation est restée stable en décembre en zone euro, à +0,2%, décevant les analystes qui tablaient sur une légère accélération et mettant la pression sur la BCE pour qu'elle fasse un nouveau geste de relance.
- 'Mieux communiquer' -
Lors de son intervention ce jeudi, la tâche de M. Draghi risque toutefois d'être compliquée par les dissensions qui sont apparues au grand jour ces derniers mois au sein du conseil des gouverneurs. Il est tiraillé entre ceux qui souhaitent une action plus musclée et les partisans du statu quo, comme l'a révélé le compte-rendu de la réunion de décembre, qui préfigure de rudes discussions ces prochains mois.
Mario Draghi devra par conséquent trouver le subtil équilibre entre ces deux courants, tout en se gardant de trop - ou pas assez - en promettre à des investisseurs extrêmement nerveux.
Le président de la BCE "pourrait s'exprimer plus prudemment qu'il ne l'a fait récemment, alors que la BCE a été critiquée après sa dernière réunion pour avoir suscité de fausses attentes", anticipe Michael Schubert, de Commerzbank.
BCE et marchés "doivent en tirer des leçons. (...) Nous devons nous aussi mieux communiquer. Nous avons pris la décision que nous voulions prendre. Pour autant, nous ne voulons pas prendre à ce point de court les marchés", a récemment concédé Vitor Constancio, le vice-président de la banque centrale, à propos des annonces de décembre et du mauvais accueil qui leur a été fait.
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