Au total, 2.032 actions et menaces racistes, antisémites et antimusulmanes ont été enregistrées l'an dernier, selon les chiffres communiqués par la Dilcra (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme).
"C'est la première fois que l'on franchit la barre des 2.000" actes recensés, a souligné le responsable de la Dilcra, Gilles Clavreul, en parlant de "défi pour toute la société française".
Il y a ainsi eu 434 actions racistes l'an dernier (+9% par rapport à 2014) et 1.598 menaces (+26%), selon ce rapport détaillant les grandes tendances déjà dévoilées par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Le "fait le plus spectaculaire" est pour M. Clavreul le large triplement des actes antimusulmans, qui ont bondi de 223% pour atteindre 429 l'an dernier, avec 305 menaces et 124 actions.
Ce niveau record est largement imputable "à des violences en réaction aux attentats de janvier et de novembre", puisque les actes et menaces commis lors de ces deux mois représentent à eux seuls 58% du total de 2015.
"Cela interpelle car c'est exactement ce que les terroristes cherchent: créer des fractures au sein de la société", a-t-il estimé.
C'est après les attentats de janvier que le regain été le plus marqué, ce qui peut, selon le Dilcra, s'expliquer par la "désinhibition d'une violence qui se voulait vengeresse, punitive", tandis que la dimension plus "universelle" des attaques de novembre a peut-être "ressoudé la communauté nationale, avec la volonté de ne pas tomber dans le piège" de la division.
- Les zones rurales aussi -
Les actes antisémites ont dans le même temps reculé de 5,3%, mais "ces chiffres restent à un niveau très élevé" compte tenu de la flambée enregistrée en 2014, en répercussion au conflit entre Israël et le Hamas à Gaza. La baisse a été surtout sensible pour les actions antisémites (-14% à 207) et moins marquée pour les menaces (-2% à 599).
Le rapport fait toutefois état d'une "décrue sensible" des actes antisémites au second semestre. Tendance de fond ou correction par rapport à une base de comparaison très haute à l'été 2014 ? "Il faut voir si cela se confirme cette année", a avancé M. Clavreul, espérant que cela traduit une "prise de conscience" que "ces actes sont inacceptables".
"Il faudrait la même détermination contre les actes antimusulmans", a-t-il dit, car "tous les actes sont à traiter avec la même sévérité".
Les actes xénophobes sans caractère religieux ont de leur côté augmenté de 18%, à 797, l'an dernier. Aucun détail supplémentaire n'a été fourni, du fait de l'interdiction des statistiques ethniques en France.
De l'aveu même du Dilcra, ces chiffres restent toutefois "imparfaits", de nombreuses victimes renonçant à porter plainte. Un récent rapport de l'Ined a souligné combien les immigrés et leurs descendants souffraient de discriminations, dont les chiffres des violences racistes publiés mercredi ne donnent sans doute qu'un reflet partiel.
"Il faut travailler au dépôt de plainte, convaincre les victimes que l'Etat est de leur côté" et communiquer sur les suites pénales "pour ne pas laisser prospérer un sentiment d'impunité", a affirmé M. Clavreul.
La ventilation géographique de ces actes ne sera pas connue avant quelques semaines, mais comme les années précédentes elle "colle vraisemblablement à la répartition" des communautés visées, avec une grande partie commise en Île-de-France, dans la région de Marseille ou l'agglomération de Lyon.
Mais "on observe une dispersion des actes dans des zones rurales ou des villes moyennes qu'on n'avait pas du tout l'habitude de voir", a relevé M. Clavreul, en notant "le parallèle avec la progression du Front national dans ces zones".
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