Quatre hommes, armés de fusils d'assaut et de grenades, ont profité de l'épais brouillard qui enveloppait l'université de Bacha Khan à Charsadda, à une cinquantaine de kilomètres de Peshawar, pour escalader un mur d'enceinte et lancer leur assaut sur le campus en début de matinée.
Des témoins ont fait état de tirs et de deux fortes explosions, tandis que des dizaines d'étudiants paniqués fuyaient en courant le lieu de l'attaque, selon des images diffusées par les télévisions locales.
"Les terroristes ont profité du brouillard" et d'une visibilité "de moins d'une dizaine de mètres", a expliqué à la presse le chef de la police régionale, Saeed Wazir.
"Nous avons soudainement entendu des tirs. Les terroristes sont allés directement à la résidence pour garçons. Je pense que c'était leur objectif", a déclaré à l'AFP Muhammad Daud, un étudiant en sociologie de 22 ans.
Alertées, les forces de l'ordre ont bouclé la zone, où ont été déployées les forces spéciales, l'armée et la police, avec blindés, ambulances et hélicoptères.
Les opérations ont été déclarées terminées vers la mi-journée, avec un bilan de 21 morts, dont 17 étudiants, deux jardiniers, un professeur et un gardien, selon Pir Shahab, procureur en chef de Charsadda. Les quatre assaillants tués ne font pas partie du décompte.
Dans l'une des résidences pour étudiants, impacts de balles sur les murs, mares de sang sur le sol et portes défoncées témoignaient de la violence de l'attaque, ont indiqué des journalistes de l'AFP.
Deux des assaillants étaient des adolescents et les deux autres avaient une vingtaine d'années, a indiqué un haut responsable de sécurité, disant "espérer qu'ils seraient rapidement identifiés".
- Talibans contre talibans -
Une faction talibane pakistanaise du Tehreek-e-Taliban Pakistani (TTP) a rapidement revendiqué l'assaut, avant d'être désavouée par la principale composante du mouvement.
"Nos quatre kamikazes ont mené l'attaque contre l'université de Bacha Khan aujourd'hui", a déclaré par téléphone à l'AFP un de ses commandants, Umar Mansoor, soupçonné d'être également le cerveau de l'attaque contre une école de Peshawar en 2014.
Ce chef rebelle fait partie d'une faction du TTP répondant au nom de Hakimullah Mehsud, en référence à un commandant taliban tué par un drone américain en novembre 2013.
"Cette attaque a été lancée en représailles à l'opération Zarb-e-Azb", vaste offensive antiterroriste actuellement menée par l'armée dans les zones tribales du nord-ouest frontalières de l'Afghanistan, a-t-il indiqué.
Mais un autre porte-parole du TTP, Muhammad Khurasani, a contredit cette affirmation et annoncé que les auteurs de cette attaque "non-islamique" seraient poursuivis et jugés au nom de la charia (loi islamique).
"Le TTP condamne fortement l'attaque aujourd'hui et se dissocie totalement de cette attaque non-islamique", a-t-il tweeté.
- Journée de deuil -
L'attentat a été condamné par le Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, par son homologue indien Narendra Modi, ainsi que par la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et l'ambassadeur américain au Pakistan, David Hale.
Une journée nationale de deuil aura lieu jeudi, a indiqué le gouvernement.
Des manifestations spontanées d'émotion ont été signalées dans plusieurs villes du Pakistan: à Karachi (sud) ou à Quetta (sud-ouest).
"Tout le Pakistan prie pour les âmes des enfants tués et pour leurs parents dans la détresse", a commenté la sénatrice d'opposition Sherry Rehman dans un communiqué.
enseignant L'attaque est "potentiellement un crime de guerre", a prévenu de son côté l'organisation Amnesty International.
Des étudiants ont rendu hommage à un jeune enseignant, Syed Hamid Hussain, qui a tenté de s'interposer arme à la main pour protéger ses élèves avant d'être abattu.
Le chef de l'opposition, Imran Khan, a déclaré aux médias que des habitants de Charsadda s'étaient précipités à l'université avec leurs armes pour combattre les assaillants.
L'attaque rappelle le pire attentat du pays, perpétré il y a un peu plus d'un an dans une école de Peshawar par des talibans qui avaient massacré de sang froid plus de 150 personnes, en majorité des écoliers.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.