Le maire de Levallois-Perret est poursuivi pour "déclaration mensongère de patrimoine", a appris lundi l'AFP de source proche de l'enquête.
Il est déjà mis en examen, notamment pour fraude fiscale, corruption passive et blanchiment de fraude fiscale. Son épouse, Isabelle Balkany, est à ce stade poursuivie pour blanchiment de fraude fiscale.
Sollicité, son avocat Grégoire Lafarge a dénoncé "un acharnement qui n'a plus rien de juridique" et "une violation réitérée du secret de l'instruction".
L'enquête menée par les magistrats financiers Renaud van Ruymbeke et Patricia Simon concerne la propriété où vit le couple à Giverny (Eure), mais donnée à leurs enfants en nue-propriété, et des villas sur l'île antillaise de Saint-Martin et à Marrakech, Dar Gyucy. Autant de biens immobiliers qui ont été saisis par la justice, à l'exception d'une des deux maisons antillaises, depuis revendue.
En mai, après un signalement de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l'instruction avait été étendue aux déclarations de patrimoine du couple, auxquelles les élus doivent s'astreindre.
Les juges soupçonnent M. Balkany d'avoir omis, entre avril 2011 et janvier 2014, une partie substantielle de son patrimoine et "fourni une évaluation mensongère" de certains biens, selon une source proche du dossier.
En cause notamment, les villas des Antilles et de Marrakech qui n'ont pas été déclarées, plusieurs montres représentant quelques dizaines de milliers d'euros, et le moulin de Giverny qui aurait été sous-évalué, a précisé une autre source proche du dossier.
- 'C'est haro sur la droite' -
Isabelle Balkany a reconnu être la propriétaire de la villa Pamplemousse de Saint-Martin, assurant que son mari n'était pas concerné et qu'elle avait été acquise après un héritage.
Les investigations ont mis les enquêteurs sur la piste d'une première propriété antillaise, revendue en 2002 pour 3,5 millions de dollars: des documents remis par la justice suisse tendent à montrer que le député des Hauts-de-Seine est le bénéficiaire économique d'une société du Liechtenstein, Bellec, qui avait acquis en 1989 le terrain pour 1,39 million de francs.
Quant au riad de Marrakech, le couple affirme s'y être rendu régulièrement en tant que locataire. Mais, au cours d'une perquisition en juin menée par la juge Patricia Simon, les enquêteurs ont retrouvé des livres dédicacés au nom des Balkany, un cahier de la "Ville de Levallois", des peignoirs siglés "PB", des polos de la ville, ou des caisses de vin annotées "Balkany" et "PB".
"Le patrimoine des époux Balkany est important. Pourtant aucun bien n'est à leur nom", relève une ordonnance de saisie des juges, selon une source proche du dossier. "Ils ne disposaient pas de revenus leur permettant d'acquérir un tel patrimoine. Ils ont organisé leur insolvabilité", soupçonnent les juges, selon la même source.
Les magistrats sont convaincus que le couple a eu recours à des sociétés du Liechtenstein, de Singapour ou de Panama, afin d'éviter d'apparaître comme propriétaires.
Quant au moulin de l'Eure, la donation à leurs enfants a été consentie "dans des conditions frauduleuses" avec comme but "de mettre cette propriété financée dans des conditions suspectes, à l'abri des poursuites", d'après l'ordonnance.
Mi-octobre, Patrick Balkany avait dénoncé un "acharnement politique". "Aujourd'hui c'est haro sur la droite, sur les amis de Nicolas Sarkozy", avait-il déclaré. "Je n'ai jamais fraudé (...). Je ne suis qu'élu, mes revenus sont automatiquement déclarés."
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