Dans le box des accusés, la nourrice, Hui Zhang, une petite femme menue au visage rond, élégamment vêtue d'un tailleur gris et d'un chandail blanc, tranche avec son compagnon, Te Lu, grand et massif, aux fines lunettes. A l'époque des faits, elle était étudiante en esthétique, lui agent commercial.
"C'est vrai, c'est moi qui les ai tués et je le regretterai toute ma vie", a reconnu la jeune femme de 34 ans à l'ouverture des débats. "Je n'ai pas aidé ma femme à les tuer. J'ai été aspiré dans un tourbillon de cauchemars mais je suis innocent", a ajouté son compagnon du même âge.
Hui Zhang explique avoir tué les parents, Ying Wang et son mari Liangsi Xue, lors d'une altercation à son domicile. Mais elle affirme n'avoir fait que se défendre de parents furieux qui l'auraient agressée, elle et son compagnon, avec un couteau de boucher en apprenant la mort de leur enfant, qu'elle gardait.
Après le décès du nourrisson, Lucas, 2 mois et demi, la nourrice, en accord avec son ami, avait fait venir les parents à son domicile avec l'intention de leur proposer un arrangement financier s'ils acceptaient de renoncer à déclarer la mort de leur fils.
Les avocats des familles des victimes, parties civiles, Mes Gille Laille et Chloé Arnoux réfutent la thèse de la légitime défense. Pour eux, le couple avait préparé la rencontre en se dotant d'armes blanches.
Lors de la bagarre, la nourrice a reconnu avoir frappé avec une hachette les parents qui se sont effondrés. Elle a ensuite découpé les corps dans la baignoire de sa salle de bain, avant de se débarrasser avec son ami des morceaux, enveloppés dans des sacs poubelle. Ils les ont transportés "à pied ou en transport en commun", a rapporté un policier.
Une reconstitution a confirmé que l'accusée, malgré sa petite taille, avait une force suffisante pour traîner deux corps et les hisser dans la baignoire, a précisé la présidente Jacqueline Audax.
- 'Il a perdu connaissance' -
Devant les enquêteurs, Te Lu a confirmé la version de sa compagne. Il dit avoir perdu connaissance lors de l'altercation et affirme être resté dans un état second pendant que sa compagne dépeçait les victimes. Il l'a ensuite aidée à se débarrasser des corps.
"Il a été violemment frappé, c'est médicalement constaté. Et après, il dit qu'il a perdu connaissance, elle dit la même chose et les éléments techniques ne permettent pas d'infirmer ce qu'ils racontent", a souligné son avocat, Me Eric Dupond-Moretti. "Mon client n'est pas dans une co-action, une complicité. On est éventuellement dans un recel de cadavre", a-t-il fait valoir.
L'affaire avait débuté le 7 juin 2012, par les découvertes au bois de Vincennes par des joggeuses, puis par un chien d'aveugle, d'une jambe et d'un torse appartenant à un homme et une femme asiatiques.
Les autres membres n'ont jamais été retrouvés pas plus que le corps de l'enfant. La justice a prononcé un non-lieu sur la mort du bébé, faute de charges suffisantes.
Neuf jours plus tard, la nourrice et son compagnon se constituaient prisonniers à la brigade criminelle.
Entre-temps, ils étaient retournés en Chine pour, selon eux, confier leur fils à des membres de leur famille, mais en prenant un aller simple.
La police les soupçonne d'avoir été contraints de revenir en France pour échapper à la peine de mort en Chine. Une version contestée par Me Dupond-Moretti qui a souligné à l'audience que les accusés n'étaient pas visés par un avis de recherche de la justice mais cités dans de simples avis de disparition diffusés sur des sites chinois, ce qu'ils pouvaient ignorer.
Le procès doit durer jusqu'à vendredi.
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