Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a progressé de 6,9% l'an dernier, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS), bien en deçà de la croissance de 7,3% enregistrée en 2014 et en ligne avec la prévision médiane de 18 analystes sondés par l'AFP.
C'est la plus faible performance du géant asiatique depuis 1990, année marquée par l'isolement du pays après l'écrasement sanglant des manifestations de Tiananmen.
Comme attendu, la croissance a trébuché à 6,8% au quatrième trimestre, contre 6,9% au troisième.
Des chiffres scrutés de près: même affaibli, le pays reste l'un des principaux moteurs de la croissance planétaire, l'acteur majeur du commerce international et un colossal consommateur de matières premières. La récente débâcle des Bourses chinoises avait entraîné dans leur sillage l'ensemble des places mondiales.
"L'économie chinoise est en phase de stabilisation, mais ne s'est pas encore stabilisée", commente auprès de l'AFP Liao Qun, analyste de Citic Bank.
Au fil de 2015, les indicateurs sont restés largement dans le rouge: contraction de l'activité manufacturière, refroidissement du secteur immobilier, plongeon du commerce extérieur... Autant de piliers traditionnels de la croissance chinoise qui s'effritent.
- Douloureux rééquilibrage -
Les statistiques dévoilées mardi par le BNS, en deçà des prévisions des experts, n'éclaircissent guère ce tableau.
La production industrielle a progressé de 5,9% sur un an en décembre, en net ralentissement par rapport à novembre. Sur 2015, elle a gonflé de seulement 6,1%, contre une hausse de 8,3% en 2014 et de presque 10% en 2013.
Autre signal inquiétant: les investissements en capital fixe, qui reflètent les dépenses dans les infrastructures, ont grimpé de juste 10% en 2015, après avoir décéléré presque constamment durant l'année.
Mais le BNS a insisté mardi sur les douloureuses "transformations structurelles" en cours et "la nécessité toujours impérieuse d'approfondir les réformes".
Pékin vante ses efforts pour rendre "plus durable" son modèle économique, en le rééquilibrant vers la consommation intérieure, l'innovation et les services, au détriment des industries lourdes, des investissements dopés par l'endettement et des exportations.
Une transformation déjà enclenchée: sur l'ensemble de 2015, pour la toute première fois, le secteur des services a constitué plus de la moitié du PIB chinois (50,5%), fort d'une croissance de 8,3% en valeur.
Les ventes au détail, baromètre de la consommation des ménages, ont légèrement ralenti en décembre, avec une progression de 11,1% sur un an, mais restent robustes. Les ventes en ligne, en particulier, ont bondi l'an dernier de 33%.
- 'Vents adverses' -
Pour autant, l'économie chinoise va rester plombée par la chute de ses exportations, ainsi que par le repli des investissements immobiliers devant la surabondance de l'offre de logements vacants, avertit M. Liao.
L'accent mis par Pékin sur la réduction des colossales surcapacités industrielles du pays --via des restructurations des grands groupes étatiques-- va aussi accentuer la pression, abonde Zhao Yang, analyste de la banque Nomura, prédisant de "violents vents adverses".
L'endettement des entreprises et gouvernements locaux complique encore la donne. Enfin, étant donné les turbulences des Bourses locales, la solide contribution des services financiers à l'économie ne devrait pas se répéter, note également M. Zhao.
Dans ce contexte, le gouvernement va se trouver contraint d'assouplir davantage sa politique monétaire, après avoir déjà abaissé par six fois ses taux d'intérêt en l'espace d'un an, et d'accroître ses dépenses publiques pour relancer l'activité, avance Liao Qun.
Mais de telles politiques ne feront que "modérer le rythme de ralentissement" de l'économie, tempèrent les experts d'ANZ. Elles pourraient en revanche retarder la mise en place des réformes structurelles promises.
Après avoir visé pour 2015 une croissance d'"environ 7%", Pékin devrait, de l'avis général, abaisser sensiblement son objectif. Le panel d'analystes consulté par l'AFP table sur une expansion de 6,7% en 2016.
Mais le PIB officiel "est un mauvais baromètre de la performance économique chinoise", prévient Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics, estimant que le gouvernement "surévalue fortement la croissance réelle". Un scepticisme très partagé, et alimenté par le fait que le chiffre est publié avec une célérité déconcertante pour une économie de cette taille.
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