Attendu à Téhéran dans la nuit de dimanche à lundi, Yukiya Amano, secrétaire général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, doit y rencontrer dans la journée le président Hassan Rohani, alors que l'AIEA vient de donner son feu vert à l'entrée en vigueur de l'accord conclu en juillet entre l'Iran et les grandes puissances sur la réduction de la capacité atomique iranienne.
"Les relations entre l'Iran et l'AIEA entrent dans une nouvelle phase", déclarait M. Amano dans son communiqué de samedi attestant que Téhéran avait mis en oeuvre les mesures décidées dans l'accord.
"Beaucoup de travail a été accompli", mais "un effort similaire" reste à faire pour mener à terme l'ambition internationale de garantir le caractère pacifique du nucléaire iranien, soulignait le chef de l'AIEA.
Les présidents américain et iranien ont salué dimanche l'entrée en vigueur de l'accord, mais de nouvelles sanctions prises à Washington sur un autre dossier ont tempéré l'optimisme de ces derniers jours.
Barack Obama a appelé les Iraniens à tisser "de nouveaux liens avec le monde", se félicitant des "progrès historiques" réalisés avec Téhéran ces derniers jours.
Le président Rohani a évoqué l'ouverture d'une "nouvelle page" entre l'Iran et la communauté internationale après la levée de la plupart des sanctions liées au programme nucléaire iranien.
Le rapprochement s'est également matérialisé ces derniers jours par un échange impliquant onze ex-prisonniers, dont le reporter du Washington Post Jason Rezaian détenu plus de 500 jours en Iran, et la libération rapide de marins américains entrés par erreur dans les eaux iraniennes.
Trois des quatre prisonniers américains élargis dans le cadre de l'échange, dont M. Rezaian, ont quitté l'Iran dimanche et sont arrivés dans la soirée en Allemagne pour rejoindre une base militaire américaine.
Malgré ce rapprochement significatif, M. Obama a insisté sur les "profondes différences" qui persistent entre Washington et Téhéran et évoqué le "comportement déstabilisateur de l'Iran", citant des violations des droits de l'Homme ou encore le programme iranien de missiles balistiques.
A cet égard, l'annonce dimanche par le Trésor américain de nouvelles sanctions contre Téhéran liées à ce programme est venu rappeler que la défiance persiste entre deux nations ayant rompu leurs relations diplomatiques il y a 35 ans.
"Il n?est pas question de faire confiance aux Etats-Unis à cause de l?accord nucléaire", avait d'ailleurs assuré Hassan Rohani avant l'annonce de ces nouvelles sanctions américaines, qui visent cinq Iraniens et un réseau d'entreprises basées aux Emirats arabes unis et en Chine.
Il avait aussi prévenu: "Si les Américains prennent n'importe quelle mesure, ils recevront la réponse appropriée".
- 1,7 milliard de dollars -
Peu après la décision du Trésor, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a semblé calmer le jeu en annonçant le remboursement à l'Iran de 1,7 milliard de dollars de dette et d'intérêts remontant à la Révolution islamique de 1979, qui avait mis fin à un régime iranien soutenu par les Etats-Unis.
Entré en vigueur samedi, l'accord nucléaire conclu le 14 juillet vise à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien en échange de la levée de sanctions ayant asphyxié l'économie de ce pays qui détient les quatrièmes réserves de brut au monde et les deuxièmes de gaz.
Cet accord entre l'Iran et les grandes puissances, qui a mis fin à un contentieux de plus de 13 ans, est considéré comme un succès majeur pour MM. Obama et Rohani mais suscite aussi des critiques dans leur pays respectif et en dehors.
L'amorce de rapprochement entre Téhéran et Washington inquiète ainsi les alliés traditionnels des Etats-Unis dans la région -Arabie saoudite et Israël-, qui redoutent l'influence de la puissance chiite.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répété qu'Israël ne "permettrait pas à l'Iran de se doter de l'arme nucléaire".
Le modéré Hassan Rohani s'est toutefois voulu rassurant: "Les adversaires de l'Iran ne doivent pas être inquiets. L'Iran n'est une menace pour aucun pays (...)".
- 'Construire le pays' -
Le président iranien a aussi voulu apaiser les critiques dans son pays en soulignant que "l?accord n?était pas la victoire d'une tendance politique", alors que les milieux ultraconservateurs iraniens y sont opposés.
"Maintenant, il est temps de construire le pays", a-t-il ajouté avant de présenter au Parlement le premier budget de l'après-sanctions.
Mais la perspective d'un retour de l'Iran sur un marché pétrolier déjà saturé par une abondance de l'offre a plombé les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe, qui ont fortement chuté dimanche, dont celle de Ryad.
Le baril de Brent est tombé brièvement à un nouveau plus bas lundi, chutant à 27,67 dollars en Asie avant de repasser au-dessus de 28 dollars. La dernière clôture du Brent sous les 28 dollars remonte à novembre 2003.
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