Alors que la capitale autrichienne était le théâtre d'un nouveau ballet diplomatique, la justice iranienne a annoncé la libération de "quatre prisonniers bi-nationaux" dans le cadre d'un échange de prisonniers.
Figuraient parmi eux le journaliste irano-américain du Washington Post Jason Rezaian, et le pasteur Saïd Abedini, selon l'agence de presse iranienne Fars.
Arrivé en milieu de journée dans la capitale autrichienne, en provenance de Londres, John Kerry y a retrouvé M. Zarif pour une rencontre bilatérale dans le palais Coburg, là-même où avait été conclu l'accord nucléaire historique du 14 juillet 2015.
Une cérémonie doit se dérouler samedi à Vienne, selon les médias iraniens, pour l'annonce de la mise en oeuvre de cet accord.
A une question sur l'entrée en vigueur du texte d'ici la fin de la journée, le chef de la diplomatie américaine a répondu: "Nous y travaillons". "Nous essayons", a confié de son côté son homologue iranien.
"Aujourd'hui, c'est un bon jour pour le peuple iranien et les sanctions seront levées", avait déclaré M. Zarif à son arrivée à Vienne dans la matinée, ajoutant qu'il s'agissait aussi d'un bon jour "pour la région" et "pour le monde".
Les médias iraniens n'excluaient pas non plus que la cérémonie se tienne dimanche.
Avant son homologue américain, M. Zarif a vu la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini "pour finaliser le travail" sur l'application de cet accord conclu le 14 juillet avec les grandes puissances, destiné à solder un contentieux vieux de plus de treize ans.
Ce texte engage l'Iran à ne pas se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée progressive et contrôlée des sanctions internationales.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit encore confirmer formellement que les Iraniens ont respecté les conditions posées par l'accord. Un rapport en ce sens sera "probablement" publié samedi, selon des sources diplomatiques à Vienne.
Dans la foulée, l'Union européenne, les Etats-Unis et l'ONU devraient procéder à une levée contrôlée des sanction internationales qui brident l'économie de l'Iran, un pays de 77 millions d'habitants aux riches ressources pétrolières et gazières.
- Baisse du pétrole -
L'AIEA doit pour cela attester que Téhéran a réduit comme convenu le nombre de ses centrifugeuses permettant d'enrichir de l'uranium, et envoyé à l'étranger la quasi totalité de son stock d'uranium faiblement enrichi.
En outre, les inspecteurs de l'agence doivent certifier que l'Iran a bien, comme il l'affirme, retiré le coeur du réacteur à eau lourde situé sur son site d'Arak et bétonné une partie de l'installation, de façon à ne plus pouvoir y fabriquer de plutonium de qualité militaire.
L'accord de Vienne, négocié par l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), est considéré comme un succès diplomatique majeur pour le président américain Barack Obama ainsi que pour son homologue iranien modéré Hassan Rohani.
Lundi, ce dernier a assuré que Téhéran était sur le point d'entamer "une année de prospérité économique" avec la levée des sanctions.
Les milieux économiques se tiennent prêts depuis plusieurs mois à revenir dans ce pays qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde, et des deuxièmes de gaz. L'Iran, un pays de l'Opep, pourra notamment exporter à nouveau librement son pétrole.
Dans ce contexte, le brut est passé sous les 30 dollars le baril vendredi, les marchés anticipant un prochain afflux de pétrole iranien sur un marché déjà en surabondance d'offre.
- Inquiétude d'Israël et des Saoudiens -
La levée de l'intégralité des sanctions sera échelonnée sur dix ans, et durant 15 ans les mesures pourront être automatiquement rétablies en cas de manquements de l'Iran. Les embargos de l'ONU sur les armes conventionnelles et sur les missiles balistiques sont maintenus jusqu'en 2020 et 2023 respectivement.
L'accord de Vienne est aussi considéré comme l'amorce d'une réconciliation entre Washington et Téhéran, plus de 35 ans après la rupture de leurs relations diplomatiques.
Ce possible rapprochement américano-iranien met en rage les alliés traditionnels de l'Amérique dans la région - Arabie saoudite et Israël en tête - qui redoutent l'influence de la puissance chiite.
La République islamique d'Iran a toujours nié avoir voulu se doter de l'arme atomique, tout en revendiquant son droit à exploiter une filière nucléaire complète.
L'AIEA a cependant établi en décembre que Téhéran avait bel et bien mené jusqu'en 2009 des recherches pour avoir la bombe. Washington a fait valoir que ce constat ne devait pas empêcher d'"aller de l'avant" dans ce dossier.
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