M. Zarif a quitté samedi matin Téhéran pour Vienne où il doit participer à une cérémonie pour l'annonce de la mise en oeuvre de l'accord nucléaire, a rapporté l'agence officielle Irna.
La cérémonie doit avoir lieu samedi selon les médias iraniens qui n'excluent cependant pas qu'elle se tienne dimanche.
Il est accompagné par le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Ali Akbar Salehi et plusieurs de ses collaborateurs, selon les médias iraniens.
M. Kerry, actuellement à Londres, est lui aussi attendu samedi dans la capitale autrichienne pour des "consultations" avec M. Zarif et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, a indiqué le Département d'Etat vendredi soir.
Téhéran a indiqué considérer comme imminente la mise en oeuvre de l'accord conclu le 14 juillet avec les grandes puissances, destiné à solder un contentieux vieux de plus de treize ans.
Ce texte doit garantir que l'Iran ne puisse pas se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée progressive et contrôlée des sanctions internationales.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit encore confirmer formellement que les Iraniens ont tenu les engagements pris dans le cadre de l'accord de juillet. Un rapport en ce sens sera "probablement" publié samedi, selon des sources diplomatiques à Vienne.
Dans la foulée, l'Union européenne, les Etats-Unis et l'ONU devraient procéder à une levée contrôlée des sanction internationales qui brident l'économie de l'Iran, un pays de 77 millions d'habitants aux riches ressources pétrolières et gazières.
- Baisse du pétrole -
L'AIEA doit pour cela attester que Téhéran a réduit comme convenu le nombre de ses centrifugeuses permettant d'enrichir de l'uranium, et envoyé à l'étranger la quasi totalité de son stock d'uranium faiblement enrichi.
En outre, les inspecteurs de l'agence doivent certifier que l'Iran a bien, comme il l'affirme, retiré le coeur du réacteur à eau lourde situé sur son site d'Arak et bétonné une partie de l'installation, de façon à ne plus pouvoir y fabriquer de plutonium de qualité militaire.
L'accord de Vienne, négocié par l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), est considéré comme un succès diplomatique majeur pour le président américain Barack Obama ainsi que pour son homologue iranien modéré Hassan Rohani.
Lundi, ce dernier a assuré que Téhéran était sur le point d'entamer "une année de prospérité économique" avec la levée des sanctions.
Les milieux économiques se tiennent prêts depuis plusieurs mois à revenir dans ce pays qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde, et des deuxièmes de gaz. L'Iran, un pays de l'Opep, pourra notamment exporter à nouveau librement son pétrole.
Dans ce contexte, le brut est passé sous les 30 dollars le baril vendredi, les marchés anticipant un prochain afflux de pétrole iranien sur un marché déjà en surabondance d'offre.
La levée de l'intégralité des sanctions sera échelonnée sur dix ans, et durant 15 ans les mesures pourront être automatiquement rétablies en cas de manquements de l'Iran. Les embargos de l'Onu sur les armes conventionnelles et sur les missiles balistiques sont maintenus jusqu'en 2020 et 2023 respectivement.
- Inquiétude d'Israël et des Saoudiens -
L'accord de Vienne est aussi considéré comme l'amorce d'une réconciliation entre Washington et Téhéran, plus de 35 ans après la rupture de leurs relations diplomatiques.
Ce possible rapprochement américano-iranien met en rage les alliés traditionnels de l'Amérique dans la région - Arabie saoudite et Israël en tête - qui redoutent l'influence de la puissance chiite.
Jeudi, lors d'une rencontre à Londres, M. Kerry a à ce sujet tenu à rassurer son homologue saoudien Adel al-Jubeir, en soulignant que "l'amitié entre les Etats-Unis et le royaume d'Arabie saoudite (demeurait la) clé de voûte" de la politique des deux pays au Moyen-Orient.
La République islamique a toujours nié avoir voulu se doter de l'arme atomique, tout en revendiquant son droit à exploiter une filière nucléaire complète.
L'AIEA a cependant établi en décembre que Téhéran avait bel et bien mené jusqu'en 2009 des recherches pour avoir la bombe. Washington a fait valoir que ce constat ne devait pas empêcher d'"aller de l'avant" dans ce dossier.
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