Les premières auditions de cet enseignant en EPS du collège-lycée Saint-Exupéry de Lyon, dont la garde à vue pour homicides involontaires a été prolongée vendredi après-midi, ont délivré de premiers éléments.
Il était sorti en novembre d'un séjour en hôpital psychiatrique et prenait un lourd traitement, notamment des anti-dépresseurs et des stabilisateurs d'humeur, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête, confirmant des informations du Dauphiné Libéré.
Entendu par les gendarmes au CHU de Grenoble où il avait été transporté mercredi, blessé, il a d'ailleurs demandé à retourner à l'hôpital psychiatrique. Mais à l'issue de sa garde à vue samedi, il sera bien déféré au parquet de Grenoble en vue de l'ouverture d'une information judiciaire et d'une probable mise en examen, selon une source judiciaire.
- La piste fermée déjà descendue la veille -
Cet enseignant avait appris à skier en autodidacte et n'avait pas regardé la météo le matin des faits alors que Météo-France annonçait un risque "marqué" d'avalanche (de niveau trois sur une échelle de cinq).
Au moment de s'engager sur la piste noire, fermée par un filet, il a estimé "qu'il pouvait y aller et a dit en garde à vue qu'il n'avait pas vu le danger", a précisé la même source. Et ce d'autant plus qu'il avait déjà parcouru, la veille, cette piste pourtant fermée depuis le début de la saison. Certains élèves qu'il accompagnait avaient alors refusé de s'engager.
Comment la responsabilité d'un groupe de lycéens a-t-elle pu être confiée à ce professeur en dépit de son état mental fragile?
"C'est un peu l'histoire de la Germanwings", a résumé la source, faisant le parallèle avec l'état du pilote qui a entraîné dans sa mort, en mars dernier, les 150 passagers du vol Barcelone-Düsseldorf et qui continuait à voler malgré de graves troubles psychologiques dans le passé.
L'enquête pourrait donc se pencher sur les responsabilités de sa hiérarchie et de l'établissement scolaire. Interrogée par l'AFP vendredi en marge d'un déplacement à Lyon, la ministre de l?Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, s'est refusée à tout commentaire sur l'enquête.
- Un autre professeur avait refusé de skier sur la piste -
Cette avalanche qui a tué un touriste ukrainien outre les deux lycéens lyonnais, une fille et un garçon, a suscité un grand émoi à Lyon et dans la communauté éducative. Chaque année, des élèves de la première option sport de l'établissement partaient pour une semaine de ski. Cette fois-ci, 19 élèves composaient le groupe accompagné de trois professeurs d'EPS.
Ils étaient répartis selon leur niveau en ski et les victimes faisaient partie des meilleurs. Mercredi matin, ils avaient déjà émis le souhait de descendre la piste noire fermée mais l'enseignant responsable de la sortie s'y était opposé, selon le procureur de la République à Grenoble, Jean-Yves Coquillat.
L'après-midi, ce professeur était resté à l'hôtel avec une élève blessée et deux autres, fatigués. Le reste du groupe s'était alors divisé en deux: six avec une enseignante et les dix autres avec le professeur en garde à vue. Qui, lui, s'est engagé avec eux sur la piste fatale.
Située dans une combe, beaucoup de neige s'y était accumulé durant la semaine et "la poudre" y était d'autant plus tentante qu'il faisait très beau. De nombreux skieurs avaient d'ailleurs emprunté cette piste dans la journée. Dont un groupe de Hongrois et de Roumains, en amont des lycéens lyonnais, qui pourrait avoir déclenché l'avalanche.
Le ski hors piste étant fortement déconseillé mais pas interdit, comme l'a rappelé jeudi le parquet.
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