La déclaration par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de l'arrêt de "toutes les chaînes connues de transmission" de l'épidémie d'Ebola au Liberia comme dans l'ensemble de la région avait été accueillie avec soulagement mais prudence par les pays touchés et la communauté internationale.
Quelques heures plus tard la Sierra Leone annonçait un décès suspect d'Ebola à Magburaka, dans le district de Tonkolili (nord). Un premier prélèvement a été testé positif jeudi, selon un haut responsable au ministère sierra-léonais de la Santé joint par téléphone par l'AFP.
Selon ce responsable ayant requis l'anonymat, il s'agit d'une étudiante décédée à une date non indiquée. Des analyses complémentaires doivent être effectuées et "les résultats complets seront portés à la connaissance du public d'ici à vendredi", a-t-il déclaré, refusant de fournir l'identité l'âge et l'établissement où était inscrite la victime.
Le porte-parole du gouvernement sierra-léonais, Abdulai Bayraytay, a également fait état à l'AFP d'un décès suspect d'Ebola enregistré dans le district de Tonkolili. Il a aussi évoqué, sans fournir de détails, les investigations poussées que doit effectuer sur place une équipe dépêchée de Freetown, comprenant des responsables sanitaires sierra-léonais, des membres de l'OMS et des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
L'épidémie d'Ebola, partie en décembre 2013 de Guinée, s'était ensuite propagée au Liberia et en Sierra Leone.
En deux ans, elle a gagné dix pays, dont l'Espagne et les Etats-Unis, provoquant officiellement 11.315 morts sur 28.637 cas recensés à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, trois Etats limitrophes. Ce bilan, sous-évalué de l'aveu même de l'OMS, est sept fois supérieur en nombre de morts à celui cumulé de toutes les épidémies d'Ebola depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976.
La Sierra Leone était sortie de l'épidémie depuis le 7 novembre, suivie de la Guinée le 29 décembre. Il ne restait plus que le Liberia, qui a atteint jeudi son 42e jour - deux fois la durée maximale d'incubation du virus - sans nouveau cas depuis le second test négatif sur le dernier patient, d'après l'OMS.
Au Liberia, la "nouvelle fin" de l'épidémie n'a pas suscité d'explosions de joie: responsables et citoyens ordinaires ont indiqué demeurer sur leurs gardes, instruits par l'amère expérience des deux précédentes annonces dans le pays, en mai puis septembre 2015, suivie chacune de résurgences localisées.
Le risque persiste car le virus subsiste dans certains liquides corporels de survivants, notamment le sperme où il peut rester jusqu'à neuf mois, voire un an.
- 'Combinaison mortelle d'inaction et de méfiance' -
Médecins sans Frontières (MSF), un des principaux acteurs de la lutte anti-Ebola, a appelé à "en tirer les leçons". La mobilisation "n'a pas seulement été limitée par le manque de moyens internationaux, elle l'a également été par le manque de volonté politique de déployer rapidement une aide", a souligné la présidente de l'ONG, Joanne Liu.
Selon l'Unicef, "beaucoup de gens continuent à souffrir, en particulier les enfants", dont plus de 22.000 ont perdu au moins un des deux parents.
La maladie a bouleversé le mode de vie des sociétés, par la recommandation d'éviter tout contact entre vivants, mais aussi avec les morts - une interdiction mal acceptée par des populations attachées aux rites funéraires impliquant le lavage des corps.
Dépassés, les Etats aux services de santé sinistrés ont multiplié les mesures d'exception, comme la quarantaine imposée à des régions entières. La Sierra Leone a ainsi confiné tous ses habitants pendant trois jours, en septembre 2014 puis en mars 2015.
"Une combinaison mortelle d'inaction et de méfiance a fait de la contamination d'un petit garçon en Guinée rurale le patient zéro de ce que beaucoup de spécialistes de la santé et de dirigeants politiques considèrent comme la plus grande urgence de santé publique depuis le sida", a résumé le Dr Ed Wright, enseignant en biomédecine à l'université britannique de Westminster.
Face à des décisions jugées autoritaires et des messages de prévention initiaux mal formulés, promettant une mort quasi inéluctable, les populations ont souvent protesté.
C'est en Guinée que ces réactions se sont manifestées le plus brutalement: en septembre 2014, huit membres d'une équipe de sensibilisation étaient massacrés à Womey, dans le Sud forestier, épicentre originel de l'épidémie.
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