L'annonce en fin de matinée de perquisitions menées par la répression des fraudes dans plusieurs sites du constructeur français a fait dégringoler le titre Renault de 20% en tout juste une heure à la Bourse de Paris, faisant perdre plus de 4 milliards d'euros de capitalisation au 2è constructeur français.
L'action a finalement terminé la séance à 77,75 euros, en chute de 10,28%. Par ricochet, PSA Peugeot Citroën, qui a précisé "ne pas avoir fait l'objet d'une perquisition", a perdu au final 5,05% à 14,01 euros.
Les perquisitions, révélées par la CGT et visant le siège social, le Centre technique de Lardy et le Technocentre de Guyancourt, ont été menées la semaine dernière par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, en déplacement à Berlin, a précisé que ses services ont procédé "à plusieurs contrôles et perquisitions depuis le mois de septembre dernier afin de vérifier la fiabilité et la qualité des informations transmises au consommateur" chez plusieurs constructeurs, dont Renault.
Ces perquisitions ne sont pas directement liées, a souligné la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, à l'enquête menée par une commission technique indépendante mise en place par le gouvernement français, et chargée de vérifier que les constructeurs n'ont pas équipé leurs véhicules de logiciels équivalents à ceux de Volkswagen.
Les premières conclusions rendues par cette commission, présentées jeudi à la presse par Ségolène Royal, ont montré un "dépassement de normes" pour le CO2 et les oxydes d'azote chez Renault et "plusieurs" marques étrangères, qu'elle n'a pas voulu nommer.
En revanche, il n'y a "pas de logiciel de fraude" qui ait été détecté chez les constructeurs autres que Volkswagen, dont Renault.
- Les investigations vont continuer -
Ces conclusions sont "encore provisoires", puisque le laboratoire Utac-Ceram, missionné par la commission, a testé depuis octobre, dans cette première phase, 22 voitures, de huit marques différentes: Renault, PSA, Volkswagen, Mercedes, Ford, Opel, Toyota et BMW.
"Les investigations vont continuer pour atteindre un échantillon de 100 véhicules", a ajouté Ségolène Royal, et Nissan, Volvo, Suzuki et Fiat, doivent rejoindre le panel.
"Toutes les conclusions seront publiées à l'issue de l'ensemble des tests ainsi que les actions décidées par les constructeurs qui s'engagent à prendre des décisions industrielles concernant la réduction des dépassements de normes a la fois pour le CO2 et les oxydes d'azote", a encore dit la ministre.
Renault a confirmé être prêt à échanger avec les membres de la Commission dès sa prochaine réunion. De même, les autres constructeurs seront invités.
Selon le député écologiste Denis Baupin, membre de la commission, les dépassements observés sont "au moins d'un facteur 3 à 5" par rapport aux normes, sans toutefois vouloir préciser où se situe Renault.
"D'ores et déjà cette commission a été utile car elle a mis en évidence des situations anormales", a-t-il déclaré, jugeant qu'"il y a des explications à donner par les constructeurs".
"Que des véhicules dépassent les valeurs d'homologation, ce n'est pas une surprise, c'est ce que nous dénonçons depuis des années", a fustigé Michel Dubromel, chargé des transports à France nature environnement, également membre de la commission.
Pour lui, "cette commission, c'est une première étape, mais les travaux doivent aller au bout, c'est-à-dire déboucher sur des mesures réelles, nous n'en sommes pas là".
Après le scandale Volkswagen, Renault a annoncé en décembre un plan d'investissements de 50 millions d'euros pour réduire l'écart entre les émissions polluantes de ses voitures en conditions d'homologation et en situation réelle.
Le numéro deux automobile mondial Volkswagen avait équipé 11 millions de véhicules diesel dans le monde d'un logiciel spécifique pour déjouer les normes antipollution, mais se défend de tout "mensonge" dans cette affaire.
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