Dick Pound, président de cette commission, a cependant pris soin de préciser lors d'une conférence de presse organisée à Munich (Allemagne) qu'il n'imaginait "personne qui pourrait mieux que Coe" mener les réformes à l'IAAF.
De quoi réjouir le double champion olympique du 1500 m (1980 et 1984), présent dans la salle, au milieu de journalistes venus du monde entier, et exonéré de tout mensonge par l'ancien patron de l'AMA.
"Si Coe avait été au courant de la corruption, il serait intervenu", a ainsi assuré le Canadien, dans une volte-face impressionnante par rapport à ses propos du 8 janvier dans The Times où il affirmait que l'ancien patron des JO de Londres "avait eu l'occasion, il y a bien longtemps, de s'emparer des problèmes".
Si Lord Coe est donc soutenu par la commission de l'AMA, il est sommé de réformer l'athlétisme mondial, à la tête duquel il a accédé en août, après 15 ans de règne du Sénégalais Lamine Diack.
- 'Brebis galeuses' -
Mais "le retour de la confiance va prendre beaucoup de temps et ce sera un processus douloureux", a reconnu l'Anglais.
Fragilisé par le départ fin décembre de son bras droit, Nick Davies, soupçonné d'avoir tenté de retarder la révélation de cas de dopage russes, le patron des JO de Londres a aussi été mis en cause pour ses liens avec Nike, dont il avait été l'ambassadeur pendant 38 ans.
Fin novembre, Sebastian Coe avait même été contraint de sacrifier ses 142.000 euros de salaire annuel avec la marque à la virgule face aux accusations de "conflit d'intérêt", notamment suite à l'attribution des Mondiaux 2021 à la ville américaine d'Eugene (Oregon), siège de Nike.
Si Coe est relativement épargné, l'accusation de Dick Pound et de ses assesseurs reste cinglante. Elle vise surtout l'IAAF où "la corruption ne peut être attribuée seulement à quelques brebis galeuses agissant de façon isolée", a accusé la commission en dévoilant jeudi le second volet de 89 pages de son rapport explosif autour du dopage dans l'athlétisme russe.
Au chapitre corruption, la commission d'enquête de l'AMA met ainsi l'accent sur la curieuse augmentation de 6 à 25 millions de dollars des droits de diffusion des Championnats du monde 2013 à Moscou par les télévisions russes, après un "accord de sponsoring" avec la banque russe VTB. Le tout après une réunion dans un hôtel moscovite, en 2012, impliquant notamment Papa Massata Diack, le fils de Lamine Diack, et Habib Cissé, le conseiller juridique du père Diack.
Pour la commission d'enquête, "il semble bien y avoir une connexion entre l'attribution des droits de diffusion télévisée à certains groupes en échange de la dissimulation des contrôles antidopage positifs d'athlètes russes".
- Le 'népotisme' du clan Diack -
Cette réunion est un exemple frappant du système organisé par le clan Diack, un "népotisme" que "le Conseil de l'IAAF (son gouvernement) ne pouvait ignorer", insiste le rapport, en pointant donc Papa Massata et Khalil, deux des 15 enfants de Lamine Diack, qui étaient employés par la Fédération, mais en marge de son organigramme officiel.
Déjà suspendu à vie par l'IAAF, Papa Massata Diack fait aussi l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé par Interpol, depuis le 17 décembre, a précisé Eliane Houlette, patronne du parquet national financier français qui, après la publication du rapport de l'AMA, a fait le point à Munich sur l'enquête française.
Lancée en novembre par Interpol, pilotée par la France, l'enquête a été baptisée "Augias", comme les écuries qu'avait nettoyées Hercule dans la mythologie.
Lamine Diack, 82 ans, a été doublement mis en examen par la justice française, pour corruption passive et pour blanchiment aggravé et pour corruption. Habib Cissé et Gabriel Dollé, l'ancien directeur du département médical et antidopage de l'IAAF, ont également été mis en examen par la justice française.
Lamine Diack est soupçonné d'avoir reçu un million d'euros dans le cadre d'un système de chantage organisé où des athlètes, russes et autres, étaient rançonnés en échange de la non révélation de leurs contrôles antidopage positifs.
Deux mois après le premier volet de son rapport, qui parlait en 330 pages d'"une culture profondément enracinée de la tricherie" dans l'athlétisme russe, Dick Pound avait promis de nouvelles révélations "sidérantes" jeudi.
Rien pourtant sur le Kenya jeudi, dans le rapport du moins, alors que ce pays africain, arrivé en tête au tableau des médailles aux Mondiaux-2015 à Pékin, était dans le collimateur du Canadien.
"Nous savons qu'il y a un problème", a-t-il répété jeudi, "mais nous n'avons pas enquêté sur le Kenya, cela ne faisait pas partie de notre mandat". Mais "il pourrait y avoir une autre commission d'enquête indépendante pour jeter un oeil au Kenya, une fois que la fumée se sera dissipée", a-t-il annoncé.
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