"La France est un pays humain !", s'est exclamé Robert Lawrie après le jugement, enlaçant ses proches, alors que de nombreux partisans venus lui apporter leur soutien ont acclamé le tribunal.
Devenu dirigeant d'une entreprise de nettoyage, M. Lawrie avait commencé cet été à se rendre dans la "Jungle", désireux d'aider les migrants. Il rencontre alors le père de la petite Bahar, quatre ans, qui lui aurait demandé de l'emmener dans le nord de l'Angleterre où il a de la famille.
Mais il est arrêté fin octobre par la police des frontières française, dont les chiens découvrent également deux Érythréens adultes à l'arrière de sa camionnette, cachés, dit-il, à son insu. Poursuivi pour aide au séjour irrégulier uniquement pour le cas de la jeune fille, le parquet ayant classé sans suite le transport des deux Érythréens, il risquait jusqu'à cinq ans de prison et une amende de 30.000 euros.
- Acte 'irrationnel' -
"Je sais que, pour vous, ce ne sont que des paroles, mais, non, je n'ai pas réfléchi à mon acte", a expliqué ce Britannique de 49 ans qui s'était pris d'affection pour Bahar, l'une des 4.000 personnes du bidonville calaisien.
Il avait finalement cédé aux demandes du père de la fillette, tous deux présents dans la salle pour lui exprimer son soutien.
En costume noir, le prévenu de forte corpulence, qui a perdu près de 18 kg depuis fin octobre et qui aurait, selon son avocate, tenté de se suicider, s'est montré très ému, aux côtés de sa traductrice, luttant aussi contre ses tics nerveux liés au syndrome de la Tourette.
"C'était irrationnel, je n'ai pas bien réfléchi. J'ai essayé de faire en sorte qu'elle puisse rejoindre sa famille qui habitait à seulement huit miles (une douzaine de km) de chez moi à Leeds", a-t-il poursuivi. Et de répéter : "c'était stupide, j'étais émotionnellement épuisé. Je suis désolé".
- Peine de principe -
Le tribunal l'a finalement relaxé du chef d'aide au séjour illégal d'étranger, mais l'a condamné pour "mise en danger d'autrui": la fillette a été transportée dans un espace caché derrière son siège, derrière des planches.
"Elle ne bénéficiait pas de ceinture de sécurité, pas de rehausseur et pas de protection suffisante. En cas d'accident, elle aurait été un boulet de canon qui (se serait) écrasé contre le pare-brise, j'estime que sa vie était en danger", a insisté le procureur, Jean-Pierre Valensi, alors vivement désapprouvé par la salle.
"C'est étonnant, mais c'est une très bonne nouvelle", s'est pour sa part félicité Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants, appelé en tant que témoin. Mais c'est normal qu'il y ait une condamnation, c'est symbolique pour éviter que ça ne serve d'exemple".
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, lui, avait estimé avant l'audience que "venir en aide à une personne" vivant dans les conditions "indignes" du "bidonville" de Calais "contribue à lui assurer des conditions de vie dignes et décentes, ce qui est un cas d'exclusion des poursuites pénales".
A une trentaine de kilomètres plus à l'est, dans cette même "Jungle" où habite encore cette fillette avec son père, les migrants commençaient jeudi à quitter tentes et baraquements installés sur une bande de 100 mètres jouxtant la rocade portuaire et les habitations, sous la pression des autorités, pour "sécuriser" la zone.
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