Au total cinq individus ont déclenché des attaques à l'aide d'explosifs dans le centre de la capitale indonésienne, dans le quartier de Thamrin qui abrite des centres commerciaux, les bureaux de plusieurs agences de l'ONU et des ambassades, notamment celle de France, a déclaré la police, selon laquelle vingt personnes ont été blessées et les assaillants ont péri.
Dans un communiqué en arabe publié sur internet, le groupe Etat islamique a annoncé que plusieurs engins avaient "explosé concomitamment à des attaques par quatre soldats du califat avec des armes légères et des ceintures explosives" qui ont visé un groupe de citoyens de pays-membres de la "coalition croisée", à savoir l'alliance contre l'EI dirigée par les Etats-Unis.
De son côté, le président indonésien, Joko Widodo, a d'emblée dénoncé des actes "terroristes", tandis qu'un porte-parole de la police, Anton Charliyan, a relevé que les auteurs des violences de jeudi à Jakarta avaient "suivi l'exemple des attentats de Paris", quand des islamistes liés au groupe Etat islamique avaient tué 130 personnes dans des attaques coordonnées le 13 novembre dernier.
L'implication de cette organisation risque de créer de vives inquiétudes en Indonésie et dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est peuplés de musulmans, où les autorités redoutent que des combattants partis faire le jihad ne commettent des attaques à leur retour chez eux.
- "Comme un tremblement de terre" -
Parmi les cinq assaillants figuraient trois kamikazes qui visaient initialement le café Starbucks en face du grand centre commercial Sarinah, a expliqué un responsable de la police.
Après la première explosion, deux extrémistes armés de pistolets ont pris deux hommes en otage. La police a déclaré dans un premier temps qu'il s'agissait d'un Algérien et d'un Néerlandais, mais le chef de la police, Tito Karnavian, a rectifié plus tard, disant que le second était canadien et non néerlandais.
Le ministère canadien des Affaires étrangères a à cet égard annoncé avoir "été informé par les autorités indonésiennes qu'un citoyen canadien a été tué".
A La Haye, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, a quant à lui fait savoir qu'un Néerlandais avait été grièvement blessé.
D'après un porte-parole de la police indonésienne, l'Algérien, blessé, a réussi à s'échapper, mais le deuxième homme a été exécuté par balle, et un Indonésien qui avait essayé de prêter secours aux deux otages a également été tué.
"Peu après, deux hommes sur des cyclomoteurs se sont fait exploser", a ajouté Anton Charliyan, soulignant que quatre policiers blessés étaient dans un état critique.
Des témoins ont raconté que les assaillants qui venaient du Starbucks avaient commencé à tirer sur des passants, rechargeant leur arme pendant que des forces de sécurité arrivaient sur les lieux.
"J'ai entendu une forte explosion, comme un tremblement de terre", a dit à l'AFP Ruli Koestaman, un homme de 32 ans qui assistait alors à une réunion. "Nous sommes tous descendus". "On a vu que le Starbucks à côté était également détruit. J'ai vu un étranger, un Occidental, avec la main mutilée, mais en vie."
Dans un communiqué envoyé de son siège américain de Seattle, le géant du café Starbucks a annoncé la fermeture, "jusqu'à nouvel ordre", de toutes ses enseignes à Jakarta, par mesure de précaution.
"Tout le monde s'est rassemblé et un terroriste est arrivé et a commencé à nous tirer dessus et à tirer sur le Starbucks", a poursuivi le témoin, précisant que l'homme avait également ouvert le feu sur un journaliste.
- Les retours de Syrie -
La police indonésienne était en alerte maximale pendant les fêtes de fin d'année, après avoir déjoué un attentat suicide projeté à Jakarta pour le Nouvel An.
En décembre, la police avait arrêté cinq personnes soupçonnées d'appartenir à un réseau proche de l'EI et quatre autres en rapport avec le groupe extrémiste Jemaah Islamiyah, responsable d'attentats de grande ampleur par le passé en Indonésie.
Les forces de l'ordre avaient saisi du matériel servant à la fabrication d'explosifs. Les extrémistes islamistes avaient également d'autres cibles dont des commissariats de police, des centres commerciaux, des groupes chiites minoritaires et des membres de l'unité d'élite de la police antiterroriste.
L'Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde, avait été précipitée dans sa propre "guerre contre le terrorisme" par les attentats de Bali en 2002 (202 morts). Mais l'archipel n'avait pas connu d'attentats majeurs depuis ceux qui ont fait neuf morts en juillet 2009 dans des hôtels de luxe à Jakarta.
A en croire le cabinet de consultants Soufan Group spécialisé dans le renseignement, de 500 à 700 Indonésiens ont rejoint les rangs de l'Etat islamique, et des dizaines sont depuis rentrés dans leur pays.
Plusieurs pays ont aussitôt condamné les attaques à Jakarta, dont les Etats-Unis qui, par la voix du secrétaire d'Etat John Kerry, ont à cette occasion rappelé qu'ils étaient "totalement engagés" dans le "combat" contre les groupes comme l'EI.
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