Au même moment, sur le terrain de cet immense bidonville, où vit toujours cette enfant, les migrants commençaient à quitter une zone du camp sous la pression des autorités.
"Si le tribunal ne retenait pas la première poursuite (pour aide au séjour illégal, ndlr), il devrait retenir celle de mise en danger de la vie d'autrui", sanctionnée par une peine de 1.000 euros d'amende, a estimé le procureur, Jean-Pierre Valensi. "Parce que la fin ne justifie pas les moyens. Ce n'est pas parce qu'on veut aider une enfant qu'on peut l'aider en mettant sa vie en danger", a-t-il ajouté.
A la barre, Robert Lawrie, ancien soldat devenu chef d'entreprise, s'est excusé à plusieurs reprises: "C'était irrationnel, je n'ai pas bien réfléchi. J'ai essayé de faire en sorte qu'elle puisse rejoindre sa famille qui habitait à seulement huit miles de Leeds où j'habite".
"Ce que j'ai fait était stupide, j'étais émotionnellement épuisé. Je suis désolé", a-t-il dit, apparaissant très ému.
Il avait commencé l'été dernier à se rendre dans la "Jungle", désireux d'aider les migrants. Il y rencontre le père d'une petite Afghane. Selon le prévenu, le père lui a demandé d'emmener son enfant de quatre ans dans le nord de l'Angleterre, où il a de la famille.
Le Britannique est arrêté par la police des frontières française fin octobre; les chiens de la police découvrent également deux Erythréens adultes à l'arrière de sa camionnette, cachés, selon lui, à son insu. Poursuivi pour aide au séjour irrégulier, il risque jusqu'à cinq ans de prison et une amende de 30.000 euros.
Dans une salle d'audience pleine, où de nombreux journalistes et curieux ont dû rester debout, il a dit ne pas avoir eu de contacts avec la famille de la fillette vivant en Grande-Bretagne, et n'avoir eu que leur adresse pour l'y amener.
"Si j'avais eu une voiture, je ne l'aurais pas mise dans le coffre. Mais avec ma camionnette, elle avait de la place et c'était plutôt confortable pour elle et elle était en sécurité", a-t-il dit, affirmant qu'il ne devait pas être rémunéré pour ce transport.
- "Bouche à oreille" -
A une trentaine de kilomètres plus à l'est, dans la "Jungle" de Calais, où vit encore cette fillette avec son père, les migrants commençaient jeudi à quitter tentes et baraquements installés sur une bande de 100 mètres jouxtant la rocade portuaire et les habitations.
Les autorités souhaitent libérer cette bande appelée à devenir une zone plane et déboisée permettant une meilleure visibilité aux forces de l'ordre pour éviter les intrusions des migrants sur l'autoroute. Les migrants tentent régulièrement d'envahir cette rocade pour monter à bord des camions embarquant pour Douvres.
Entre 500 et 700 personnes sont concernées par ce déplacement, sur une population du camp estimée à 4.000 migrants. Les travaux de défrichement pourraient débuter en fin de semaine.
"Actuellement, tout est mis en oeuvre par les autorités, avec l'aide des associations d'aide aux migrants, pour que ces derniers acceptent par eux-mêmes la proposition qui leur est faite d'être accueillis au Centre d'accueil permanent (CAP)", a indiqué jeudi la préfecture du Pas-de-Calais.
Toutefois, certains déménageaient de mauvais gré, comme Hafaza: "Je ne sais pas trop où on va aller, peut-être derrière l'église. On n'a pas le choix", confie cet Afghan qui tenait son restaurant au coeur du quartier commercial depuis quatre mois.
Les autorités françaises veulent limiter à 2.000 le nombre de migrants à Calais, soit 1.500 dans le centre et environ 400 dans le centre d'accueil de jour pour femmes et enfants, les 2.000 autres étant invités à rejoindre des Centres d'accueil et d'orientation ailleurs en France.
Le directeur de la "Vie active", qui gère le CAP, s'est dit jeudi "satisfait" du démarrage de ce nouveau camp en dur, avec une augmentation progressive des migrants hébergés.
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