Cars de CRS déployés devant les arènes, barrages filtrants aux abords et au sein du tribunal: un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé pour ce procès hors norme, pour lequel aficionados et anti-corrida avaient appelé à des mobilisations concurrentes.
Il a parfois empêché des prévenus et des parties civiles de parvenir à l'audience dans les temps et engendré de véhémentes protestations de militants anti-corrida dénonçant des mesures "illégales, état d'urgence ou pas".
Dans la salle d'assises, utilisée exceptionnellement pour ce procès correctionnel, le long défilé des prévenus - un seul étant absent - a laissé apparaître un profil assez précis des agresseurs identifiés: des hommes, le plus souvent nés à Arles (Bouches-du-Rhône) ou Nîmes, deux bastions de la corrida, de milieu socio-professionnel plutôt favorisé et n'ayant aucun antécédent judiciaire.
Ils sont jugés pour "violence en réunion", "violence aggravée par deux circonstances suivie d'incapacité supérieur à huit jours" ou encore "vol avec violences". Deux autres auteurs de violences identifiés sont décédés depuis les faits.
Les victimes, dont 47 sont citées sur 63 plaintes déposées, sont en majorité des femmes, dont une a eu le soutien-gorge et le tee-shirt arrachés, plusieurs ayant souffert de fractures des côtes.
Deux vidéos contradictoires ont ensuite été visionnées, la première, produite par les anti-corrida sur les évènements même de 2011, la seconde, produite par la défense et soutenant la thèse de "violences réciproques".
- Incompréhension mutuelle-
A la barre, le maire de Rodilhan, Serge Reder, qui figure parmi les prévenus, et a, à son tour porté plainte pour manifestation interdite contre le président du Comité radicalement anti-corrida (Crac Europe) Jean-Pierre Garrigues, absent pour raison de santé.
"La tauromachie, c'est une tradition à Rodilhan", explique M. Reder, interrogé sur l'absence de mesures de sécurité le 8 octobre 2011 pour la finale de "Graine de Torero", une compétition organisée par Nîmes Métropole. Les aficionados "sont des gens calmes, qui viennent voir un spectacle qu'ils aiment". Seul un policier municipal et quatre secouristes étaient présents sur les lieux lors de l'action des anti-corrida.
Des dizaines d'activistes s'étaient notamment enchaînés au niveau de la taille au centre des arènes en déclenchant des fumigènes rouge-sang, avant de scander, le poing levé, "abolition !" ou "la torture n'est pas notre culture!". Ils seront évacués avec violence de la piste, certains étant notamment visés à la tête à bout portant par une lance anti-incendie ou frappés à coup de pied ou de poing à la tête.
"Quand la température est montée et que des paroles, on est passé aux actes, pourquoi n'avez-vous pas calmé le jeu en faisant une annonce au micro?", interroge le président Jean-Pierre Bandiera.
M. Reder rétorque qu'il était "plus à même de calmer le jeu en restant sur la piste". Les plaintes pour "non assistance à personne en danger", visant d'autres élus, comme Jean-Paul Fournier, sénateur-maire de Nîmes, qui se trouvaient dans les gradins, ont été classées sans suite.
Gérard Allonge, un autre prévenu a la mémoire défaillante: "je ne me souviens pas", assure-t-il plusieurs fois, avant d'être confronté à ses actes sur la vidéo et à ses déclarations. "J'étais solidaire des autres aficionados pour évacuer la piste et dans l'énervement, la colère...", bredouille-t-il.
Le président le coupe fermement: "l'évacuation est une mission de service publique réservée aux policiers et aux gendarmes!".
Après une contrition timide exprimée suite à l'intervention d'un des avocats de la défense, M. Bandiera soupire "on vous les a un peu soufflés quand même ces regrets".
Entre les deux camps, qui parlent mutuellement de "haine", l'incompréhension apparaît totale.
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