L'affaire avait fait grand bruit fin octobre: Robert Lawrie, 49 ans, ancien soldat devenu dirigeant d'une entreprise de nettoyage, avait tenté de transporter une Afghane jusqu'à Leeds, où elle avait de la famille et où lui-même vit.
Mais ce père de quatre enfants avait été arrêté par la police des frontières française le 24 octobre. Les chiens de la police avaient également découvert deux Erythréens adultes présents à l'arrière de sa camionnette, cachés selon lui à son insu. Poursuivi pour aide au séjour irrégulier, il risque jusqu'à cinq ans de prison et une amende de 30.000 euros.
"Bouleversé" par le sort des migrants l'été dernier, il avait décidé de "faire quelque chose" en faveur des réfugiés et avait commencé à se rendre fréquemment à la "Jungle" de Calais, apportant vêtements et nourriture aux clandestins, les aidant à construire leur tente. Dans ce camp où vivent plusieurs milliers de migrants qui espèrent rejoindre l'Angleterre, il y avait fait la rencontre de la petite Afghane et de son père.
Selon Rob Lawrie, le père lui a alors demandé d'emmener son enfant de quatre ans dans le nord de l'Angleterre. "Il ne me semblait tout simplement pas juste de la laisser là, sous une tente, dans la jungle", a-t-il dit lors d'un entretien à l'AFP diffusé en novembre.
Robert Lawrie a reconnu avoir "fait quelque chose d'illégal", dans son entretien à l'AFP. "Mais je ne pense pas avoir agi illégalement sur le plan moral", avait-il ajouté.
Une pétition intitulée "Non à l'emprisonnement de Rob Lawrie, qui a voulu sauver une enfant de la Jungle de Calais" a recueilli sur internet environ 120.000 soutiens français et un peu plus de 50.000 sur sa correspondante anglaise.
"Le tribunal devra dire si Robert Lawrie s'est conduit comme un passeur, un criminel, ou en citoyen pris de compassion pour cette situation", indique dans un communiqué "Passeurs d'hospitalités", un blog pro-migrants.
- "Bouche à oreille" -
A une trentaine de km plus à l'est, dans la "Jungle" de Calais, les migrants commençaient progressivement à quitter leur tente et baraquement se trouvant sur une bande de 100 m jouxtant la rocade portuaire et les habitations des riverains.
Les autorités souhaitent en effet libérer cette bande appelée à devenir une zone plane et déboisée permettant une meilleure visibilité aux forces de l'ordre pour éviter les intrusions des migrants sur l'autoroute. Les migrants tentent régulièrement d'envahir cette rocade pour monter à bord des camions allant embarquer pour Douvres.
Entre 500 et 700 personnes sont concernées par ce déplacement, sur une population du camp estimée à 4.000 migrants. Les travaux de défrichement pourraient débuter en fin de semaine ou en début de semaine prochaine.
"Actuellement, tout est mis en oeuvre par les autorités, avec l'aide des associations d'aide aux migrants, pour que ces derniers acceptent par eux-mêmes la proposition qui leur est faite d'être accueillis au Centre d'accueil permanent (CAP)", a indiqué jeudi la préfecture du Pas-de-Calais.
Aussi, les autorités françaises veulent limiter à 2.000 le nombre de migrants à Calais, à savoir 1.500 dans le CAP et environ 400 dans le centre d'accueil de jour où sont les femmes et enfants, les 2.000 autres migrants étant invités à rejoindre des Centres d'accueil et d'orientation (CAO) ailleurs en France.
Le directeur de la "Vie active", qui gère le CAP, s'est dit jeudi "satisfait" du démarrage de ce nouveau camp en dur, avec une augmentation progressive des migrants hébergés.
"On commence à avoir des listes d'attente d'inscription, le bouche à oreille entre migrants fonctionne. Il y a une cinquantaine de migrants de plus qui arrivent chaque jour, c'est le rythme que l'on avait prévu", a dit Stéphane Duval.
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