Selon les premiers éléments livrés par les autorités locales, la déflagration a visé dans la nuit de mercredi à jeudi le commissariat central de Cinar, située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays.
Deux personnes ont été tuées dans l'explosion de la voiture piégée et quatre autres, dont un bébé, ont péri dans l'effondrement d'un bâtiment situé juste derrière, où vivent les policiers et leurs familles, a rapporté le bureau gouverneur dans un communiqué.
Les morts sont tous des civils, a précisé le gouvernorat, qui a ajouté que des policiers se trouvaient également parmi les blessés.
Selon un journaliste de l'AFP sur place, la résidence occupée par les policiers et leur famille s'est effondrée sous la violence de l'explosion, le commissariat et de nombreux bâtiments environnants ont également subi de gros dégâts.
Après l'explosion du véhicule piégé, des individus, présentés comme des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont poursuivi leur assaut dans la nuit à l'aide de lance-roquettes, déclenchant une riposte des forces de sécurité.
"On allait se mettre au lit lorsqu'on a entendu un énorme explosion. J'ai cru que c'était une bombe atomique", a raconté à l'AFP Sitki Dinç, voisin du commissariat.
"Le souffle m'a fait tomber par terre. Après j'ai entendu des coups de feu, alors j'ai pris mes enfants et on s'est réfugié en bas (à la cave)", a-t-il poursuivi. "Nous y sommes restés jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bruit".
La police quadrillait jeudi matin Cinar à la recherche des auteurs de l'attaque.
Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l'été dernier entre les forces de l'ordre et le PKK. Ces affrontements ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour tenter de mettre un terme à une rébellion qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
- Morts civils-
Epaulée de chars et d'hélicoptères, Ankara a lancé mi-décembre une vaste offensive pour déloger des jeunes partisans des rebelles qui ont érigé des barricades dans les villes sous couvre-feu de Silopi et Cizre, ainsi que dans le district historique de Sur à Diyarbakir.
Au moins 200 policiers et soldats ont été tués ainsi que plus de 3.000 "terroristes", avait affirmé fin décembre le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.
De nombreux civils ont également fait les frais de ces combats, qui ont plongé la région en état de guerre. Selon L'Association des droits de l'Homme (IHD) turque, un total de 170 civils ont été tués depuis la reprise du conflit l'été dernier.
M. Erdogan, dont le parti a remporté haut-la-main les législatives de novembre, a promis "d'éradiquer" le PKK et a multiplié les déclarations incendiaires contre le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), accusé d'être "complice" des rebelles.
L'attentat à la bombe de Cinar intervient alors que la Turquie a été visée mardi par un attentat suicide attribué aux jihadistes du groupe Etat islamique qui s'en est pris, pour la première fois, à des touristes étrangers à Istanbul.
Dix touristes allemands ont été tués et 17 autres personnes blessées alors qu'elles visitaient le district de Sultanahmet, tout près de la basilique Sainte-Sophie et la Mosquée bleue, deux des monuments les plus visités de la plus grande ville du pays.
Cinq suspects ont été placées en garde à vue, a annoncé le Premier ministre Ahmet Davutoglu mercredi. Cette attaque a été perpétrée, selon les autorités turques, par un homme âgé de 28 ans entré quelques jours plus tôt sur le territoire turc en provenance de Syrie comme un "simple migrant", a-t-il ajouté.
Longtemps soupçonné de complaisance envers les rebelles radicaux syriens, Ankara a rejoint l'été dernier la coalition internationale antijihadiste.
Depuis l'attentat qui a fait 103 tués le 10 octobre devant la gare d'Ankara, attribué à l'EI, la police turque a multiplié les coups de filets dans les milieux jihadistes.
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