Agé de 15 ans, le suspect, un Turc d'origine kurde qui a dit avoir agi "au nom d'Allah" et du groupe Etat islamique (EI), a été mis en examen notamment pour tentative d'assassinat aggravée en raison de l'appartenance de la victime à une religion déterminée et en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué le parquet de Paris.
Le jeune homme a ensuite été placé en détention provisoire.
L'agression lundi à la machette, quelques mois après deux autres attaques antisémites dans la même ville, a ravivé les inquiétudes des juifs marseillais à qui le président du consistoire local a conseillé de ne plus porter la kippa dans la rue, par sécurité. Un appel immédiatement critiqué par le grand rabbin de France et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Le président François Hollande a jugé "insupportable" que des citoyens français doivent "se cacher".
Inconnu des services de renseignement et sans antécédent judiciaire, le suspect n'a montré lors de sa garde à vue "aucun regret, si ce n'est celui de ne pas avoir tué sa victime", selon une source proche de l'enquête. Il a exprimé une intention de "+planter+ les juifs et les policiers" qu'il a qualifiés de "mécréants", a-t-elle ajouté.
Le professeur, Benjamin Amsellem, qui selon son avocat a eu "le sentiment" que son agresseur voulait le "décapiter", a pu se défendre et s'en est finalement sorti avec des blessures légères. L'adolescent a été interpellé quelques minutes après l'agression. Il a menacé les policiers.
Issu d'un milieu "classique et normal", ce lycéen bien noté se serait radicalisé "via internet", selon le parquet de Marseille.
- 'Haut niveau de protection' -
Une source proche de l'enquête le décrit comme "isolé" à l'école, mais ne posant aucun problème jusque-là. "Ses parents sont déboussolés", ajoute cette source, qui évoque "un emballement très récent" chez l'adolescent.
Il a assuré en garde à vue avoir agi seul. L'EI a déjà lancé des appels à ses partisans pour des passages à l'acte isolés dans des pays qu'il considère ennemis, comme la France.
Treize mineurs sont actuellement mis en examen dans des dossiers de jihadisme, dont trois en détention provisoire et dix sous contrôle judiciaire, selon les chiffres du parquet de Paris. Sept autres mineurs font l'objet d'un mandat de recherche.
La peine de prison pour des mineurs de moins de 16 ans pour les faits les plus graves, comme une tentative d'assassinat, ne peut excéder 20 ans.
A Marseille, le président du consistoire israélite, Zvi Ammar, avait "incité" mardi ses coreligionnaires à "enlever la kippa dans cette période trouble, jusqu'à des jours meilleurs".
"Nous ne devons céder à rien, nous continuerons à porter la kippa", avait répliqué le grand rabbin de France, Haïm Korsia. Le président du Crif, Roger Cukierman, avait jugé qu'il ne s'agissait "certainement pas" d'une "bonne idée" car "cela traduit une attitude défaitiste, de renoncement". De nombreux responsables politiques appelaient également à ne pas céder à la peur.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé mercredi qu'il se rendrait "dans les prochains jours à Marseille pour réaffirmer la détermination de l'Etat à protéger tous ses enfants et la liberté de culte".
"Sous ma responsabilité, des milliers de policiers et de gendarmes, depuis des mois, assurent la protection des écoles, notamment de confession juive, des églises, des mosquées et des synagogues", a-t-il insisté. "Ce haut niveau de protection, dans un contexte de risque terroriste accru, sera maintenu."
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