A l'issue de cette première audience, le procès a été suspendu jusqu'au 9 février, le temps de l'examen des points de droits soulevés par la défense de Cristina et d'autres prévenus.
Au premier jour d'un procès fleuve prévu à Palma de Majorque (Baléares, est) jusqu'en juin, les avocats de l'infante, tout comme le procureur, ont déployé une batterie d'arguments juridiques pour tenter de faire annuler les poursuites visant la princesse.
Treize heures durant, jusqu'aux alentours de 22h00 (21h00 GMT) Cristina de Bourbon, âgée de 50 ans, a pris place dans une salle d'audience dominée par le portrait de son frère, Felipe VI, à la tête du royaume depuis l'abdication de leur père Juan Carlos en 2014.
Air grave et posture hiératique, la princesse en costume sombre était, bien malgré elle, la vedette du "procès de l'année", dont son époux, Iñaki Urdangarin, est le principal des 18 prévenus.
Les deux époux avaient été placés à distance l'un de l'autre, pour cette audience attendue depuis des années, dans un centre de formation de la banlieue de Palma spécialement aménagé, notamment pour accueillir des journalistes du monde entier et un dispositif de sécurité exceptionnel.
"Personne n'osera mettre en prison la princesse Cristina", assurait Francisco Solana, 45 ans, un des rares citoyens manifestant à l'extérieur, aux cris de "L'Espagne, demain, sera républicaine !".
Seconde fille de Juan Carlos Ier et de Sofia, Cristina est soupçonnée d'avoir dissimulé au fisc des revenus provenant du détournement de six millions d'euros de fonds publics reprochés à son époux et à un ex-associé de celui-ci.
Uniquement jugée pour fraude fiscale, l'infante a toujours soutenu qu'elle ne savait rien et faisait une confiance aveugle à son époux Iñaki, ancien handballeur professionnel et double médaillé olympique, épousé à Barcelone en 1997.
Cristina a refusé de divorcer du père de ses quatre enfants en dépit des pressions exercées par la Maison royale, soucieuse des conséquences pour l'image de la monarchie de l'affaire. Exclu de toutes les activités officielles au palais, le couple vit depuis 2013 à Genève.
Iñaki Urdangarin, 47 ans, et son ex-associé Diego Torres sont notamment accusés d'avoir surévalué les contrats signés entre 2004 et 2006 par l'institut Noos - fondation à but non lucratif dédiée à l'organisation d'événements sportifs qu'ils dirigeaient - avec les gouvernements régionaux des Baléares et de Valence. Selon l'accusation, les bénéfices étaient répartis entre plusieurs sociétés-écrans dont Aizoon, propriété de Cristina et d'Iñaki, qui aurait financé des dépenses personnelles du couple, pour des voyages, travaux ou cours de danse...
- Demande de nullité -
M. Urdangarin est jugé pour détournement de fonds, fraude fiscale, trafic d'influence, escroquerie et blanchiment d'argent, et encourt jusqu'à 19 ans et demi de prison.
Concernant Cristina, seule l'association Manos Limpias (Mains propres, d'extrême droite), représente l'accusation publique. Elle demande huit ans de prison à l'encontre de l'infante.
La défense de la princesse joue là-dessus pour plaider le non-lieu, soulignant que ni le parquet ni un avocat représentant l'Etat n'ont réclamé de poursuites au nom du Trésor public, la victime présumée.
"Nous demandons respectueusement (...) la nullité de l'acte de l'accusation concernant Cristina de Bourbon", a déclaré un de ses avocats, Jesús María Silva, invoquant notamment la "jurisprudence Botin", quand la Cour suprême avait validé, en 2007, un non-lieu en faveur du puissant banquier Emilio Botin.
L'avocate du Trésor public a abondé dans le sens de la défense, de même que le procureur, ce dernier assurant disposer d'un nouveau rapport prouvant que l'infante n'était pas coupable de fraude fiscale.
Mais l'avocate de Manos Limpias, Virginia López Negrete, a au contraire défendu "l'accusation populaire", une procédure espagnole "parfaite pour la lutte contre la corruption et contre les élites" dans un pays écoeuré par la multiplication des scandales.
- Demande de comparution des rois -
M. Urdangarin s'est toujours efforcé de disculper son épouse et de contester tout lien entre le palais et ses activités. Son ancien associé, Diego Torres a au contraire toujours affirmé que Juan Carlos Ier était au courant des affaires de Noos.
Les représentants du palais royal vérifiaient "ce que nous faisions, ils nous guidaient", avait-il répété, dimanche à la télévision.
A l'audience, son avocat a demandé la comparution en tant que témoins des rois Juan Carlos Ier et Felipe VI.
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