"Nous refusons la passivité face à l'abstention, au vote Front national et à la droitisation de la société (...) Nous n'acceptons pas que la menace du FN, le risque terroriste et l'état d'urgence permanent servent de prétexte pour refuser de débattre (...) Nous appelons à une grande primaire des gauches et des écologistes", écrivent sur un site internet dédié (notreprimaire.fr) les auteurs de l'appel, très majoritairement issus de la société civile.
L'appel, largement relayé par Libération, a reçu un accueil plutôt favorable sur internet: plus de 13.000 personnes l'avaient signé lundi soir.
Parmi les initiateurs et premiers signataires: des intellectuels, comme l'économiste Thomas Piketty ou le sociologue Michel Wieviorka, des personnalités du monde culturel comme le cinéaste Romain Goupil ou l'écrivain Marie Desplechin, et une poignée de responsables politiques: l'ancien député européen EELV Daniel Cohn-Bendit, le député européen EELV Yannick Jadot et la députée PS frondeuse Barbara Romagnan.
Pour les auteurs, le président de la République a clairement vocation à participer à cette primaire. "Si Hollande veut être candidat en 2017, il doit se relégitimer à travers sa participation à cette primaire", a expliqué M. Jadot à l'AFP.
"Aujourd'hui, si Hollande ne bouge pas, de toute façon, il y aura une candidature de Mélenchon et d'un écologiste: ce qui n'est pas le chemin le plus facile vers la victoire" contre le Front national, a-t-il ajouté.
Mais interrogé sur la question, l'ancien candidat à la présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon, a immédiatement fermé la porte.
"Moi, je n'y serai pas parce que, quand on va à une primaire, c'est qu'on en accepte le résultat et si Hollande vient, je n'ai aucune raison de le faire alors que je le combats depuis 2012", a-t-il déclaré à quelques journalistes lundi soir.
Quant à une primaire de "l'opposition de gauche", il a rappelé que la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse, s'était prononcée contre.
Celle-ci a au contraire accueilli favorablement cet appel à une "primaire des gauches", saluant une "très bonne initiative".
Mais le PS ne semble guère enclin à se plier à l'exercice, serpent de mer à gauche, même si le principe d'une primaire figure dans ses statuts, et que François Hollande lui-même s'y était engagé dans un entretien au Parisien du 15 octobre 2011.
-"Rien n'est tabou"-
"Tout ce qui permet d'unir la gauche et les écologistes est positif. Mais franchement, je trouve que cette primaire, elle n'est pas impossible, mais elle est peu probable", a réagi le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
"Soit c'est la primaire de toute la gauche, on va dire de Macron à Mélenchon (...) mais je ne suis pas sûr que tous les acteurs soient d'accord. Soit c'est une primaire pour départager Cécile Duflot, Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon et vous comprendrez que les socialistes n'en soient pas", a-t-il ajouté.
Le député PS de Seine-et-Marne, Eduardo Rihan Cypel, a plus nettement refusé: "Une primaire au sein de la gauche, comme nous l'avons réalisée en 2011, ne peut se présenter que (...) si François Hollande ne souhaite pas se représenter à la présidence de la République."
Plusieurs représentants de l'aile gauche du parti se sont en revanche montrés enthousiastes, comme le conseiller régional François Kalfon, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann ou le député frondeur Yann Galut. "Oui il faut une primaire à gauche pour 2017", a-t-il twitté.
Les militants de la "motion B" de Christian Paul seront invités à s'exprimer "collectivement", vraisemblablement après le vote à l'Assemblée sur la réforme constitutionnelle.
Au Parti communiste, l'accueil a également été plutôt enthousiaste. Une primaire, "ce n'est pas ma culture mais je dis: discutons, échangeons, construisons ensemble", a déclaré le secrétaire national Pierre Laurent en présentant ses voeux lundi soir.
"Rien n'est tabou, inventons", a-t-il prévenu, donnant rendez-vous à l'ensemble des formation de gauche pour un bilan en mars, comme les signataires de l'appel. "L'urgence est d'ouvrir les portes et de parler puisque l'Elysée n'a qu'une obsession, les verrouiller", a-t-il estimé.
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