Annoncé par Manuel Valls fin août, ce camp humanitaire géré par l'association La vie active agréée par l?État, mettra à l?abri d'ici fin janvier 1.500 des quelque 4.000 migrants actuellement présents dans la "Jungle", s'ajoutant aux 400 places offertes aux femmes et enfants au sein du centre de jour Jules-Ferry.
Situé près de ce dernier, ce centre d?accueil provisoire (CAP) composé de 125 conteneurs de 12 places offre un confort "spartiate", mais "fonctionnel" (14m2), selon Stéphane Duval, directeur de La vie active.
Alignés en bordure du camp, ces préfabriqués sont équipés chacun de radiateurs et sèche-serviettes, de prises électriques, et même de berceaux pour ceux devant abriter des nouveaux-nés. S'y ajoutent trois "conteneurs de convivialité" où les migrants pourront se retrouver.
Dans ce CAP clos par un grillage, les migrants pourront entrer librement, jour et nuit. Pour s'identifier, ils auront chacun un code d?accès et devront se prêter à une analyse morphologique 3D de la main, "sans qu'aucune empreinte ne soit gardée". Un dispositif validé par la CNIL.
Les familles ne se sont pas bousculées pour prendre possession des lieux. Seule une poignée s'était installée dans l'après-midi.
"Je comprends qu'il y ait une certaine appréhension au début. Il faut savoir tout ce qu'ils ont vécu avant d'arriver ici, ils n'ont donc pas une confiance immédiate", a relativisé la préfète Fabienne Buccio.
L'un d'eux, un père de famille afghan de 44 ans vivant dans la "Jungle" depuis quatre mois, a décidé de s'y installer avec sa femme et ses 6 enfants. "Ici il fait chaud, on est protégé du froid et de l'humidité", a-t-il dit, nuançant aussitôt: "comment imaginer vivre dans un conteneur de 12 personnes, où il n'y a pas de douche, pas de cuisine?".
Bien que jugeant "techniquement possible" d'augmenter à terme la capacité de ce nouveau camp, Mme Buccio a dit qu'un agrandissement n'était pas "raisonnable".
- Réduire le nombre de migrants -
Les autorités ne cachent plus leur volonté de limiter le nombre de migrants à Calais. Des maraudes sociales vont continuer de leur proposer de rejoindre l'un des 78 centres d'accueil et d'orientation (CAO) du territoire et les inciter à déposer une demande d'asile.
Elles tentent de poursuivre le même objectif à Grande-Synthe (Nord), à une quarantaine de kilomètres, où vivent 2500 migrants dans des conditions plus précaires encore et où le maire a annoncé lundi le déménagement dans un camp de tentes aux normes internationales, malgré les fortes réticences de l'Etat.
"Il faut un équilibre entre humanité et fermeté. (...) Actuellement, la France a un dispositif qui permet à chaque personne du camp d'avoir une solution digne", a estimé la préfète, rappelant que depuis la mise en place de ce "plan Cazeneuve" fin octobre, "près de 2.000 migrants" ont quitté Calais pour un CAO.
Selon elle, le camp de conteneurs ne crée pas d'appel d'air, car, hérissée de grillages et barbelés, la frontière avec la Grande-Bretagne est devenue "complètement étanche: on ne passe plus à Calais", ce qui explique "les tensions beaucoup plus fortes" entre migrants et forces de l'ordre, selon Mme Buccio.
Sur place, les associations estiment que ce camp en dur "va dans le bon sens", offrant des abris "au chaud", mais certaines émettent des réserves.
"Contrairement à Sangatte, ici il n'y aura pas de véritable lieu de vie. C'est juste un dortoir, or on ne passe pas sa journée à dormir mais au moins les familles pourront s'abriter", observe le président de l'Auberge des migrants, Christian Salomé.
Formé de quelques centaines d'abris de fortune début 2015, le bidonville de la "Jungle" a rapidement grossi avec la crise migratoire européenne, jusqu'à atteindre 6.000 personnes en octobre. Y survivent dans des conditions très précaires majoritairement des réfugiés de Syrie, Libye, Irak, Soudan, Erythrée ou encore Afghanistan.
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