"Nous refusons la passivité face à l'abstention, au vote Front national et à la droitisation de la société (...) Nous n'acceptons pas que la menace du FN, le risque terroriste et l'état d'urgence permanent servent de prétexte pour refuser de débattre (...) Nous appelons à une grande primaire des gauches et des écologistes", écrivent les auteurs de l'appel sur un site internet dédié (notreprimaire.fr).
L'appel, largement relayé par le quotidien Libération qui lui consacre sa Une et huit pages, a reçu un accueil plutôt favorable sur internet: 7.800 personnes avaient signé lundi matin la pétition lancée sur change.org.
Parmi les initiateurs et premiers signataires: des intellectuels, comme l'économiste Thomas Piketty ou le sociologue Michel Wieviorka, des personnalités du monde culturel comme le cinéaste Romain Goupil ou l'écrivain Marie Desplechin, et une poignée de responsables politiques: l'ancien député européen EELV Daniel Cohn-Bendit, le député européen EELV Yannick Jadot et la députée PS Barbara Romagnan.
Pour les auteurs, le président de la République aurait clairement vocation à participer à cette primaire. "Si Hollande veut être candidat en 2017, il doit se relégitimer à travers sa participation à cette primaire", a expliqué M. Jadot à l'AFP.
Mais le PS ne semble guère enclin à se plier à l'exercice, même si le principe d'une primaire figure dans ses statuts, et que François Hollande lui-même s'y était engagé dans une interview au Parisien du 15 octobre 2011.
- Une primaire avec ou sans François Hollande ? -
"Tout ce qui permet d'unir la gauche et les écologistes est positif. Mais franchement, je trouve que cette primaire elle n'est pas impossible mais elle est peu probable", a réagi M. Cambadélis sur France Info.
"Soit c'est la primaire de toute la gauche, on va dire de Macron à Mélenchon - c'est la seule qui fonctionne, celle qui permet de gagner l'élection - mais je ne suis pas sûr que tous les acteurs soient d'accord. Soit c'est une primaire pour départager Cécile Duflot, Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon et vous comprendrez que les socialistes n'en soient pas. Donc il faut travailler à l'union, mais ce n'est pas la bonne manière", a-t-il ajouté.
La ministre de la Culture Fleur Pellerin a, elle, estimé que le président de la République était le candidat "légitime".
Le député de Seine-et-Marne Eduardo Rihan Cypel a plus nettement fermé la porte: "Une primaire au sein de la gauche, comme nous l'avons réalisée en 2011, ne peut se présenter que dans une condition: si François Hollande ne souhaite pas se représenter à la présidence de la République".
François Kalfon, secrétaire national du PS au Travail, a au contraire estimé que l'idée d'une primaire à gauche n'était "pas incongru(e)" car, a-t-il dit, "les conditions de rassemblement à gauche ne sont pas réunies".
L'accueil a été positif à gauche du PS. Le porte-parole d'EELV Julien Bayou a salué auprès de l'AFP une "très bonne nouvelle", tout en soulignant que la question serait tranchée lors du congrès du parti en juin.
Sollicité par l'AFP, le PCF est resté prudent. Le parti travaille à une initiative parallèle de rassemblement de la gauche excluant a priori le président de la République.
"Nous travaillons (...) à faire se retrouver tous ceux qui, à gauche, partagent l'essentiel (...) Ils doivent mettre au point ensemble une feuille de route permettant la présence en 2017, d'une candidature unique de la gauche à la présidentielle puis aux législatives, tout en pensant au-delà de 2017", a expliqué à L'Opinion le porte-parole du parti Olivier Dartigolles.
Jeudi, le secrétaire nationale du PCF Pierre Laurent avait souhaité la candidature d'un "véritable candidat de gauche", qui ne saurait selon lui être François Hollande.
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